vendredi 10 avril 2015

Homélie de Sa Béatitude le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, pour les solennité de Pâques

Agneau de Dieu, Christ ressuscité, église de Steinheusen

Joyeuses Pâques !

Mgr Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem, le saint
jour de Pâques, devant l'Anastasis : le tombeau vide,
le Christ est victorieux.
Homélie de Pâques 2015, de Sa Béatitude Monseigneur Fouad Twal, Patriarche latin de Jérusalem


Chers frères dans l’épiscopat et le sacerdoce,
Chers religieux et religieuses,
Chers fidèles de Terre Sainte,
Chers fidèles et chers pèlerins venus du monde entier,

En ce jour glorieux, nous revivons dans cette Basilique du Saint Sépulcre la joie de Pâques, celle du Christ ressuscité, vraiment ressuscité et qui « nous précède en Galilée » (Mt 28, 7).

A tous je souhaite une belle et sainte fête de la Résurrection ! Nous sommes chaque jour au Moyen Orient, témoins d’événements tragiques qui nous rendent encore contemporains du Calvaire. Mais notre joie et notre foi dans le Ressuscité, « nul ne peut nous l’enlever » (Jn 16, 22), car le Seigneur nous invite dès aujourd’hui, même au milieu des difficultés qui sont les nôtres, à goûter les prémices de sa Résurrection.

"Il n'est pas ici, Il est ressuscité !"
Lorsque les femmes disciples de Jésus se rendent au Tombeau pour oindre d’aromates le corps du Crucifié descendu de la Croix (Mc 16, 1-2), elles trouvent un Sépulcre ouvert et vide, et un « homme vêtu de blanc » leur disant « vous cherchez Jésus le de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici » (Mc 16, 6-7). Elles sont alors saisies par la peur et la stupéfaction avant de quitter le Tombeau pour rapporter aux disciples ce qu’elles ont vus et entendu (Mt 28, 8).

Aujourd’hui, nous sommes des milliers à chercher le visage du Christ, Sa Parole et sa Paix. Et nous peinons à Le trouver dans ce monde, comme si rien ne pouvait nous abreuver, ni les discours politiques, ni le monde économique, ni même notre entourage quelquefois. Comme les femmes au tombeau, la peur nous envahit devant ce vide. Car ce tombeau, frères et sœurs, où passent chaque jour des milliers de personnes en quête de Dieu, ne contient plus le corps du Crucifié.

Les fidèles vus de la chapelle de l'Ange,
Anastasis, Basilique du Saint-Sépulcre
de Jérusalem
Dieu n’est pas forcément là où nous le cherchons. Il n’est pas dans des recoins obscurs et isolés, il est juste à côté de nous, dans notre frère, notre voisin ! Nous sommes invités, à la suite des disciples stupéfaits devant le Tombeau vide, à grandir dans notre relation avec Jésus et à devenir annonciateurs et témoins de la Bonne Nouvelle, pour comprendre enfin que nous trouverons Dieu dans nos frères, en répandant et partageant la Joie d’être sauvés. Même lorsque les ténèbres du Vendredi saint de la mort nous accablent et assombrissent nos cœurs et notre pays, croyons et chantons : le Christ est ressuscité Alléluia !

Pour cela, frères et sœurs, il nous faut vivre le premier miracle de la Résurrection, un changement radical du cœur, une conversion, à la suite du centurion romain au pied de la Croix qui réalisa : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Mc 15, 39). Il y a la conversion des soldats, mais aussi celle des disciples réunis au Cénacle et enfermés dans la peur. La Résurrection les a transformés et ils sont devenus témoins, témoins heureux de souffrir pour le Christ.

Nous espérons chanter avec eux un jour notre Alléluia et partager avec eux et tous les saints, avec nos deux futures saintes palestiniennes Mariam et Marie-Alphonsine, la Gloire éternelle. Enterrons donc dans le Tombeau du Christ nos inclinations mondaines, nos incohérences, nos divisions religieuses, notre violence, nos manques de Foi et nos peurs. Nous devons nous « dépouiller du vieil homme et revêtir l’Homme Nouveau qui a été crée selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité » (Ep 4, 22), croire au Bien, croire que  la Paix est possible, pour recevoir enfin « la vie en abondance » (Jn 10,10).

Christ ressuscité, vainqueur, aie pitié de nous et de
nos frères qui souffrent et peine sur le chemin
de la vie parfaite !
De ce Tombeau sont sorties la Lumière et la Paix. Et aujourd’hui, d’ici encore, de cette Terre Sainte si violentée, la Lumière et la Paix doivent jaillir à nouveau. Implorons la grâce du Seigneur pour la Terre Sainte et pour le monde entier.

Armons-nous, frères et sœurs, de Foi, de courage, et de la joie de notre rencontre avec Jésus, pour annoncer à tous nos frères sa Résurrection et sa victoire. Chrétiens, nous sommes appelés au cœur de cette région du Moyen Orient, secouée par les guerres et ensanglantée par la violence, à être des signes de contradictions, des signes d’Espérance au-delà de tout. Notre avenir dans cette région et dans ce monde est incertain voire même obscur, mais n’ayons pas peur, le Christ nous avait prévenu et Il est « avec nous, jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20).

Les politiques et la Communauté internationale ne se préoccupent que peu de notre liberté et de notre sort. Les intérêts personnels écrasent la bonne volonté de ceux qui souhaitent la paix et la justice.

Mais les martyrs contemporains ne cessent de témoigner de la Résurrection du Christ,  tout comme les processions, les pierres de Jérusalem, les réfugiés irakiens et syriens, qui ont tout perdu à cause de leur Foi, les prisonniers au nom du Christ, sont des témoignages que notre Seigneur est bien vivant. A leur suite, avec les bienheureuses Mariam et Marie-Alphonsine qui intercèdent pour nous, devenons de vrais témoins.

En cette année de la consécration, chers frères et sœurs consacrés, ravivons aussi la joie de notre premier appel, revenons vers Dieu et devenons des  disciples fidèles  au service de notre Eglise de Jérusalem et de nos frères.

L'Eglise marche à la lumière du Christ ressuscité.
Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Nombreux sont ceux qui viennent en Terre Sainte pour chercher le Christ, tout en essayant de trouver ou retrouver leurs racines. Nos racines  sont ici, au sein de l’Eglise-Mère, sur le Mont Golgotha et dans ce Tombeau vide. Pour cela, notre responsabilité est grande et malgré toutes les difficultés et les malheurs qui nous frappent, persévérons à garder ferme notre Espérance et vive notre joie. Le Christ vivant triomphe toujours du mal.

Chers Frères et Sœurs, chers amis malades, âgés et prisonniers, à vous chers fidèles refugiés, qui vivez un Vendredi saint apparemment sans lendemain, à cause des injustices et de la violence, à tous ceux qui ne peuvent goûter la joie de Pâques, à vous qui n’avez pu arriver jusqu’à ce Saint Sépulcre pour partager avec nous cette fête, pour vous, j’élève ma prière dans l’Espérance que vous jouissiez de la Paix de la Résurrection. Que cette Paix emplisse votre cœur d’amour, de solidarité, par la force du Christ ressuscité qui veut nous ressusciter avec Lui (Phil 3, 10-11).

Le Seigneur est ressuscité. Allez et annoncez cette Bonne Nouvelle au monde entier.

Oui Jésus est vraiment ressuscité. Amen. Alléluia !


Christ est ressuscité ! (en russe)



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