Du vénérable abbé Henri-Marie Boudon, « De la sainteté de l’état ecclésiastique »
Entre toutes les vertus les plus nécessaires aux ecclésiastiques,
la dévotion est la première qu’ils
doivent posséder dans un degré plus éminent. Car si la dévotion suppose l’amour de Dieu et même n’est qu’un
véritable amour de Dieu et un amour de Dieu dans un excellent degré, qui nous
fait agir avec soin et avec promptitude dans tout ce qui regarde son service,
il faut demeurer d’accord que c’est la vertu la plus nécessaire à ceux que leur
profession engage davantage à son culte.
Et sans
cette vertu, ils mèneront une vie bien éloignée de leur sainte vocation, et
c’est une grande vérité qu’il n’y a rien
de plus lamentable qu’un ecclésiastique indévot car il ne faut pas attendre
qu’il s’acquitte des devoirs de son état ; c’est ce qu’il fera le moins et
souvent il fera tout le contraire.
Il faut
avoir de la dévotion pour réciter son Office distinctement posément et avec l’attention
qui est due à la Majesté souveraine à laquelle l’on parle, et non
pas à la hâte par routine et avec une négligence pitoyable.
Il en
faut avoir pour traiter les Mystères avec la gravité et la bienséance digne
d’un Dieu à qui l’on sert et qui est le Maître le plus mal servi du
monde. La manière dont plusieurs ecclésiastiques s’acquittent de leurs
fonctions donne lieu aux hérétiques de les mépriser et, voyant leur irrévérence,
ils ne se peuvent persuader que l’Esprit de Dieu y soit.
Il est
vrai qu’il n’y a rien de plus saint ni de plus glorieux à Dieu que le divin
Sacrifice de la Messe. Peut-être avons-nous déjà dit que si l’on mettait
ensemble toutes les vertus, toutes les bonnes œuvres des hommes et des Anges et
toutes les louanges, tous les honneurs, tous les services qu’ils ont rendus à
Dieu et qu’ils rendront éternellement, tout
cela n’est pas si glorieux à Dieu qu’une seule Messe.
C’est
donc priver cette Majesté suradorable d’une gloire inexplicable que de ne pas
célébrer une seule fois ce divin Mystère quand on le peut faire dans son ordre. Mais il
faut avoir de la dévotion pour ne le pas négliger et pour le célébrer dignement.
Un Prêtre indévot se mettra peu en peine de s’en abstenir ou, s’il offre ce
Sacrifice divin, ce sera souvent parce qu’il y est obligé à raison de la
condition où il est, ou par habitude, ou par un esprit sordide et des vues
humaines. Il est vrai que les choses
saintes se doivent traiter saintement et par des Saints, mais malheur à celui
qui n’est pas en état et qui ne se prépare pas dignement pour célébrer le très
saint Sacrifice de la Messe.
Les ecclésiastiques, selon la doctrine de
l’Apôtre, doivent s’exercer à la piété
car, si c’est une parole véritable et digne d’être reçue avec grande joie selon
que l’enseigne le même homme Apostolique : que la piété est utile à tous
pour nous servir encore de ses paroles ; il faut dire que le mystère de la
piété est grand pour savoir se conduire
dans la maison de Dieu qui est l’Eglise et la servir avec tout respect et
diligence.
Le défaut ecclésiastique de cette vertu dans les ecclésiastiques
est une source d’une infinité d’irrévérences
qu’ils commettent dans leur ministère à l’égard du culte intérieur et extérieur
qu’ils doivent rendre à Dieu à l’égard de son sacré Corps, des saintes Reliques,
des vases sacrés, des images saintes, des ornements, de la décoration des temples
et de tout ce qui regarde leurs fonctions ; et il n’y en a pas une seule
dont ils ne se doivent acquitter avec tous les respects imaginables. ~ Mais le peu de lumière que l’on a de la
grandeur de Dieu est cause du peu de respect que l’on porte aux choses qui
regardent son service.
L'Eglise, image de la Jérusalem céleste |
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