vendredi 27 février 2015

Saint Silouane : Adam, où es-tu ? Réponds-moi.

Adam et Eve, Heures de Rouen
Mon âme languit après le Seigneur, et je Le cherche avec des larmes. Comment pourrais-je ne pas Te chercher ? Toi le premier, Tu m’as trouvé. Tu m’as donné de vivre la douceur de ton Saint Esprit, et mon âme T’a aimé. Tu vois, Seigneur, ma peine et mes larmes. Si Tu ne m’avais attiré par ton amour, je ne Te chercherais pas comme je Te cherche. Mais Ton Esprit m’a donné de Te connaître, et mon âme se réjouit que, Toi, Tu sois mon Dieu et mon Seigneur, et, jusqu’aux larmes, je languis après Toi

Seigneur miséricordieux, Tu vois ma chute et ma douleur ; mais, humblement, j’implore Ta clémence : répands sur le pécheur que je suis la grâce de Ton Saint Esprit. Son souvenir porte mon esprit à trouver de nouveau Ta miséricorde. Seigneur, donne-moi Ton humble Esprit pour que je ne perde pas à nouveau Ta grâce, et que je ne me lamente pas comme Adam qui pleurait Dieu et le Paradis perdu. L’Esprit du Christ, que le Seigneur m’a donné, veut le salut de tous, désire que tous connaissent Dieu. Le Seigneur a donné le Paradis au larron ; de même, Il le donnera à tout pécheur.
Lamentations du prophète Jérémie

Par mes péchés, je suis pire qu’un chien galeux, mais je me suis mis à prier Dieu de me les pardonner, et Il m’a accordé non seulement son pardon, mais encore le Saint Esprit. Et dans le Saint Esprit, j’ai connu Dieu

Le Seigneur est miséricordieux ; cela, mon âme le sait, mais le décrire est impossible. Il est infiniment doux et humble, et lorsque l’âme Le voit, elle se transforme tout entière en amour de Dieu et du prochain ; elle devient elle-même douce et humble. Mais si l’homme perd la grâce, il pleurera comme Adam lorsqu’il a été chassé du Paradis

Donne-nous, Seigneur, le repentir d’Adam et Ta Sainte Humilité.

Adam pleurant ses péchés, détail d'un confessionnal de la
Paroisse Saint-Taurin d'Evreux



mardi 24 février 2015

Vaincre les tentations

Sainte Françoise Romaine tentée, fresque du Mont des Olivets, Rome
Saint Grégoire de Nazianze,
Sermon XL, 10


Si, après le baptême, tu es attaqué par le persécuteur, le tentateur de la lumière, tu auras matière à victoire. Il t'attaquera certainement, puisqu'il s'en est pris au Verbe, mon Dieu, trompé par l'apparence humaine qui lui dérobait la lumière incréée. Ne redoute pas le combat. Oppose-lui l'eau du baptême, oppose-lui l'Esprit Saint dans lequel s'éteignent tous les traits enflammés lancés par le Malin...

S'il t'expose le besoin qui t'accable — il n'a pas manqué de le faire à Jésus —, s'il te rappelle que tu as faim, n'aie pas l'air d'ignorer ses propositions. Apprends-lui ce qu'il ne connaît pas ; oppose-lui la Parole de vie, ce vrai Pain envoyé du ciel et qui donne la vie au monde.

S'il te tend le piège de la vanité — il en usa contre le Christ, lors qu'il le fit monter sur le pinacle du Temple et lui dit : « Jette-toi en bas » pour lui faire manifester sa divinité —, prends garde de ne pas déchoir pour avoir voulu t'élever...

S'il te tente par l'ambition en te montrant, dans une vision instantanée, tous les royaumes de la terre comme soumis à son pouvoir et s'il exige de toi l'adoration, méprise-le : ce n'est qu'un pauvre frère. Dis-lui, confiant dans le sceau divin : « Je suis, moi aussi, l'image de Dieu ; je n'ai pas encore été, comme toi, précipité du haut de ma gloire à cause de mon orgueil ! Je suis revêtu du Christ ; je suis devenu un autre Christ par mon baptême ; c'est à toi de m'adorer. » 

Il s'en ira, j'en suis sûr, vaincu et mortifié par ces paroles. Venant d'un homme illuminé par le Christ, elles seront ressenties par lui comme si elles émanaient du Christ, la lumière suprême. Voilà les bienfaits qu'apporte l'eau du baptême à ceux qui reconnaissent sa force.


Boticcelli, Vade retro, le Christ vainquant Satan et ses tentations, servi par les Anges

dimanche 22 février 2015

1er Dimanche de Carême, un temps d'abstinence

Les tentations au désert, Notre Seigneur servit par les Anges
Saint Grégoire le Grand, Pape,
« Homélies sur les évangiles », n° 16, 5, trad. Le Barroux



Nous entamons aujourd'hui les saints quarante jours du carême, et il nous faut examiner attentivement pourquoi cette abstinence est observée pendant quarante jours.

Moïse, pour recevoir la Loi une seconde fois, a jeûné quarante jours (Gn 34, 28).
Élie, dans le désert, s'est abstenu de manger quarante jours (1 R 19, 8).
Le Créateur des hommes lui-même, venant parmi les hommes, n'a pas pris pas la moindre nourriture pendant quarante jours (Mt 4, 2).

Le péché originel, détail d'un porche de la
Cathédrale Notre-Dame de Paris
Efforçons-nous, nous aussi, autant que cela nous est possible, de refréner notre corps par l'abstinence en ce temps annuel des saints quarante jours..., afin de devenir, selon le mot de Paul, « une hostie vivante » (Rm 12, 1). L'homme est une offrande à la fois vivante et immolée (cf Ap 5, 6) lorsque, sans quitter cette vie, il fait cependant mourir en lui les désirs de ce monde.

C'est la satisfaction de la chair qui nous a entraînés au péché (Gn 3, 6) ; que la chair mortifiée nous ramène au pardon. L'auteur de notre mort, Adam, a transgressé les préceptes de vie en mangeant le fruit défendu de l'arbre. Il faut donc que nous qui sommes déchus des joies du Paradis par le fait de la nourriture, nous nous efforcions de les reconquérir par l'abstinence.

Mais que personne ne s'imagine que seule cette abstinence nous suffise. Le Seigneur dit par la bouche du prophète : « Le jeûne que je préfère ne consiste-t-il pas plutôt en ceci ? Partager ton pain avec l'affamé, recevoir chez toi les pauvres et les vagabonds, habiller celui que tu vois sans vêtement, et ne pas mépriser ton semblable » (Is 58, 6-7).

Voilà le jeûne que Dieu approuve... : un jeûne réalisé dans l'amour du prochain et imprégné de bonté. Prodigue donc aux autres ce que tu retires à toi-même ; ainsi, ta pénitence corporelle soulagera le bien-être corporel de ton prochain qui est dans le besoin.

Le Chemin de la Croix ou celui de la perdition ? Vivre avec Jésus ou avec le Prince de ce monde
qui nous conduit vers notre malheur ? Faisons le bon choix... choisissons la Vie !



samedi 21 février 2015

Samedi des Cendres : faisons pénitence et recherchons le bien en toute chose


De saint Syméon le Nouveau Théologien

Autre chose en effet est d’être tombé dans une foule de fautes et de désespérer de son propre Salut ; autre chose de pratiquer le mal comme si c’était le bien et d’avoir l’assurance qu’on fait le bien.

Dans le premier cas en effet, vient-on à être instruit de la pénitence et de l’amour de Dieu pour les hommes, à apprendre qu’il n’est pas une multitude de péchés que n’efface la pénitence, que « là où a abondé le péché, a surabondé la grâce», et qu’« il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent », (alors) peut-être un jour se reprendra-t-on et, touché de componction, aura-t-on le désir de voir sa conscience délivrée de ces fautes sans nombre et soulagée de cet insupportable fardeau, peut-être se relèvera-t-on et comptant pour rien tout le reste, je parle des choses de cette vie, entrera-t-on avec ferveur dans la voie du repentir.

Mais dans le second cas où il est plus difficile de se redresser, on renonce entièrement à se soigner par de tels remèdes : comment en effet accepterait-il seulement d’être soigné, celui qui ne se laisse pas convaincre qu’il gît malade ou blessé ? Impossible !

La confession fait fuir le démon et nous fait resplendir
des grâces du Saint Esprit, icône

vendredi 20 février 2015

Vendredi des Cendres, du jeûne

Charité - Jeûne - Abstinence - Pénitence
Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « L’amour de Dieu seul », partie II, chap. IV

Notre bonne sœur a été admirable, dans la mesure de la grâce qui lui a été donnée surabondamment, pour mortifier ses sens. Dieu, lui donnant des mouvements dès sa jeunesse de se surmonter en tout ce qui lui pouvait faire plus de peine, et elle faisait des choses dont la seule pensée cause de l’horreur, nous en avons apporté des exemples qui ne laissent aucun lieu d’en douter.

(…) Elle a même, pendant un certain temps, jeûné trois ou quatre fois la semaine et, les autres jours, elle mangeait de la viande.
Ensuite elle ne prenait qu’un repas par jour, après cela elle commença à faire toujours maigre, et puis elle se priva des œufs et du poisson, se contentant de seuls légumes sans beurre et ne mangeant que du gros pain.
Pendant plusieurs années, elle ne fit qu’un seul repas par jour qui consistait en un pauvre potage car elle n’en pouvait manger d’autre, quoique maigre, et un peu de pain et d’eau.
Jeûner pour n'avoir faim que de Dieu seul
Elle a resté quelquefois trois mois entiers, ne vivant que de pain sec et d’eau pure, et elle passait les carêmes, les avents, tous les vendredis et tous les autres jours où le jeûne est ordonné, vivant de cette manière.

Toutes les années, depuis l’heure de midi du Jeudi Saint jusqu’à une heure du Samedi, souvent elle ne mangeait point du tout. Pendant un temps considérable, elle mangeait seulement le dimanche, le mardi, le jeudi le samedi, et une seule fois ces jours-là. Cependant elle souffrait en de certains temps une faim si extrême que, quoique ses abstinences donnent assez lieu de croire qu’elle était naturelle, néanmoins plusieurs circonstances ont donné assez de fondement pour juger qu’il y avait de l’extraordinaire, ce qui augmentait davantage sa peine.

S’étant abandonnée sans réserve à la divine Providence, pour en recevoir uniquement ce qu’elle voudrait inspirer de lui donner sans avoir rien dit de sa résolution aux personnes avec lesquelles elle vivait, elle ne mangeait précisément que ce qui lui était présenté ; en conséquence, si dans son repas on ne lui coupait qu’un petit morceau de pain, ou bien que par mégarde on le retirât de devant elle, elle n’en demandait pas davantage quoiqu’elle en eût un extrême besoin, ce qui l’a fait souffrir d’une manière étrange jusqu’à ce que son dessein ait été connu.

Souvent même le peu de nourriture qu’elle prenait, au lieu de satisfaire sa faim, lui causait un nouveau tourment, la trouvant à son goût amère comme du fiel.


jeudi 19 février 2015

Jeudi des Cendres, nous sommes cendres et poussières

De l’Imitation de Jésus-Christ, IVe livre, n.4 : Que Dieu répand des grâces abondantes en ceux qui communient dignement

Voix du disciple

1. Seigneur mon Dieu, prévenez votre serviteur de vos plus douces bénédictions, afin que je puisse approcher dignement et avec ferveur de votre auguste Sacrement. Rappelez mon cœur à vous ; réveillez-moi du profond assoupissement où je languis.

Visitez-moi pour me sauver, pour que je goûte intérieurement la douceur qui est cachée en abondance dans ce sacrement comme dans sa source.

Faites briller aussi votre lumière à mes yeux afin qu'ils discernent un si grand mystère, et fortifiez ma foi pour le croire inébranlablement. Car c'est l'œuvre de votre amour et non de la puissance humaine, c'est votre institution sacrée et non une invention de l'homme.

Nul ne peut concevoir par lui-même des merveilles au-dessus de la pénétration des anges mêmes. Que pourrai-je donc, moi, pécheur indigne, moi, cendre et poussière, découvrir et comprendre d'un mystère si haut ?


L'humilité. Qui s'agenouille devant Dieu peut tenir devant n'importe qui.

mercredi 18 février 2015

Mercredi des Cendres

La préparation des Cendres par l'Evêque

Dom Guéranger, in "L’année liturgique", 
le Mercredi des Cendres


Hier le monde s'agitait dans ses plaisirs, les enfants de la promesse eux-mêmes se livraient à des joies innocentes; dès ce matin, la trompette sacrée dont parle le Prophète a retenti. Elle annonce l'ouverture solennelle du jeûne quadragésimal, le temps des expiations, l'approche toujours plus imminente des grands anniversaires de notre salut. Levons-nous donc, chrétiens, et préparons-nous à combattre les combats du Seigneur.

Mais, dans cette lutte de l'esprit contre la chair, il nous faut être armés, et voici que la sainte Eglise nous convoque dans ses temples, pour nous dresser aux exercices de la milice spirituelle. Déjà saint Paul nous a fait connaître en détail toutes les parties de notre défense : « Que la vérité, nous a-t-il dit, soit votre ceinture, la justice votre cuirasse, la docilité à l'Evangile votre chaussure, la foi votre bouclier, l'espérance du salut le casque qui protégera votre tête ». Le Prince des Apôtres vient lui-même, qui nous dit : « Le Christ a souffert dans sa chair; armez-vous de cette pensée ». Ces enseignements apostoliques, l'Eglise aujourd'hui nous les rappelle ; mais elle en ajoute un autre non moins éloquent, en nous forçant à remonter jusqu'au jour de la prévarication, qui a rendu nécessaires les combats auxquels nous allons nous livrer, les expiations par lesquelles il nous faut passer.

Deux sortes d'ennemis sont déchaînés contre nous : les passions dans notre cœur, les démons au dehors ; l'orgueil a fait tout ce désordre. L'homme a refusé d'obéir à Dieu ; toutefois, Dieu l'a épargné, mais à la dure condition de subir la mort. Il a dit: « Homme, tu n'es que poussière, et tu rentreras dans la poussière ». Oh ! pourquoi avons-nous oublié cet avertissement ? à lui seul il eût suffi pour nous prémunir contre nous-mêmes; pénétrés de notre néant, nous n'eussions jamais osé enfreindre la loi de Dieu. Si maintenant nous voulons persévérer dans le bien, où la grâce du Seigneur nous a rétablis, humilions-nous ; acceptons la sentence, et ne considérons plus la vie que comme un chemin plus ou moins court qui aboutit au tombeau. A ce point de vue, tout se renouvelle, tout s'éclaire. L'immense bonté de Dieu qui a daigné attacher son amour à des êtres dévoués à la mort, nous apparaît plus admirable encore ; notre insolence et notre ingratitude envers celui que nous avons bravé, durant ces quelques instants de notre existence, nous semble de plus en plus digne de regrets, et la réparation qu'il nous est possible de faire, et que Dieu daigne accepter, plus légitime et plus salutaire.

Imposition des Cendres
Tel est le motif qui porta la sainte Eglise, lorsqu'elle jugea à propos, il y a plus de mille ans, d'anticiper de quatre jours le jeûne quadragésimal, à ouvrir cette sainte carrière en marquant avec la cendre le front coupable de ses enfants, et en redisant à chacun les terribles paroles du Seigneur qui nous dévouent à la mort. Mais l'usage de la cendre, comme symbole d'humiliation et de pénitence, est bien antérieur à cette institution, et nous le trouvons déjà pratiqué dans l'ancienne alliance. Job lui-même, au sein de la gentilité, couvrait de cendres sa chair frappée par la main de Dieu, et implorait ainsi miséricorde, il y a quatre mille ans. Plus tard, le Roi-Prophète, dans l'ardente contrition de son cœur, mêlait la cendre au pain amer qu'il mangeait ; les exemples analogues abondent dans les Livres historiques et dans les Prophètes de l'Ancien Testament. C'est que l'on sentait dès lors le rapport qui existe entre cette poussière d'un être matériel que la flamme a visité, et l'homme pécheur dont le corps doit être réduit en poussière sous le feu de la justice divine. Pour sauver du moins l'âme des traits brûlants de la vengeance céleste, le pécheur courait à la cendre, et reconnaissant sa triste fraternité avec elle, il se sentait plus à couvert de la colère de celui qui résiste aux superbes et veut bien pardonner aux humbles.

Dans l'origine, l'usage liturgique de la cendre, au Mercredi de la Quinquagésime, ne paraît pas avoir été appliqué à tous les fidèles, mais seulement à ceux qui avaient commis quelqu'un de ces crimes pour lesquels l'Eglise infligeait la pénitence publique. Avant la Messe de ce jour, les coupables se présentaient à l'église où tout le peuple était rassemblé. Les prêtres recevaient l'aveu de leurs péchés, puis ils les couvraient de cilices et répandaient la cendre sur leurs têtes.

Après cette cérémonie, le clergé et le peuple se prosternaient contre terre, et on récitait à haute voix les sept psaumes pénitentiaux. La procession avait lieu ensuite, à laquelle les pénitents marchaient nu-pieds. Au retour, ils étaient solennellement chassés de l'église par l'Evêque, qui leur disait : « Voici que nous vous chassons de l'enceinte de l'Eglise, à cause de vos péchés et de vos crimes, comme Adam, le premier homme, fut chassé du Paradis, à cause de sa transgression ». Le clergé chantait ensuite plusieurs répons tirés de la Genèse, dans lesquels étaient rappelées les paroles du Seigneur condamnant l'homme aux sueurs et au travail, sur cette terre désormais maudite. On fermait ensuite les portes de l'église, et les pénitents n'en devaient plus franchir le seuil que pour venir recevoir solennellement l'absolution, le Jeudi Saint.

Après le XI° siècle, la pénitence publique commença à tomber en désuétude ; mais l'usage d'imposer les cendres à tous les fidèles, en ce jour, devint de plus en plus général, et il a pris place parmi les cérémonies essentielles de la Liturgie romaine. Autrefois, on s'approchait nu-pieds pour recevoir cet avertissement solennel du néant de l'homme, et, encore au XII° siècle, le Pape lui-même, se rendant de l'Eglise de Sainte-Anastasie à celle de Sainte-Sabine où est la station, faisait tout ce trajet sans chaussure, ainsi que les Cardinaux qui l'accompagnaient. L'Eglise s'est relâchée de cette rigueur extérieure ; mais elle n'en compte pas moins sur les sentiments qu'un rite aussi imposant doit produire en nous




C'est la cendre de la Pénitence qui met en fuite le démon,
entrons dans le temps du Carême ; enluminure.


mardi 17 février 2015

Mardi gras et carnaval mais toujours serviteurs du Seigneur...

Carnaval de Dunkerque

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « Science et pratique du chrétien », seconde partie, Ière règle


Vous n’êtes pas à vous, s’écrie le grand Apôtre, ainsi nous ne pouvons jamais disposer de nous-mêmes au préjudice du domaine que Dieu a sur nous-mêmes.

Nous sommes à Jésus-Christ dans le temps de la récréation aussi bien que dans le temps de l’Oraison, dans le temps de la promenade comme dans la retraite, dans le temps du carnaval comme dans le Carême, quoique les exercices dont nous devons nous servir pour honorer Dieu soient différents.

 L’Apôtre veut que les actions les plus viles, comme celle du boire et du manger, soient faites pour la gloire de Dieu.

Se soustraire aux mouvements de l’Esprit de Notre Seigneur et perdre un seul degré de la grâce dans quelque temps que ce puisse être, c’est négliger une chose qu’il a achetée au prix infini de son Sang.




Revenons à l'Essentiel !



dimanche 15 février 2015

Préparons-nous au Carême et à la pénitence dans la joie


Petit catéchisme sur
le carême et la pénitence


1. Qu’est-ce que le carême ?
Le mot « carême » vient du latin « quadragesima » qui signifie quarantaine. Le carême est un temps liturgique particulier qui dure une quarantaine de jours et qui prépare les fidèles aux célébrations pascales.
Le carême commence le Mercredi des Cendres et se termine immédiatement avant la Messe de la Cène du Seigneur (le Jeudi Saint en fin de journée). Les dates du carême varient donc en fonction de la date de Pâques qui est calculée sur le cycle lunaire.

2. Quel est le sens du Mercredi des Cendres ?
Ce premier jour du carême est particulièrement pénitentiel, le jeûne y est obligatoire. En participant à la cérémonie de l’imposition des Cendres, nous exprimons avec humilité notre volonté de nous convertir et de mettre davantage notre vie en accord avec les enseignements du saint Evangile.

3. Que symbolisent les cendres ?
Les cendres sont obtenues en brûlant les rameaux qui avaient été bénits l’année précédente, le dimanche des Rameaux. Elles symbolisent la fragilité de la condition humaine, marquée par la mort en conséquence du péché originel ; elles signifient aussi que nous nous humilions devant Dieu en reconnaissant nos fautes personnelles ; elles expriment notre supplication pour que Dieu nous vienne en aide et nous renouvelle.

4. Pourquoi 40 jours ?
Le chiffre 40 porte une dimension symbolique très forte dans l’Ancien Testament : les pluies du déluge durèrent 40 jours ; après sa sortie d’Egypte, le peuple hébreu vit au désert pendant 40 ans ; Moïse reste 40 jours face à face avec Dieu sur le Mont Sinaï avant de redescendre avec les Tables de la Loi ; le prophète Elie marche pendant 40 jours dans le désert… etc.
Notre-Seigneur Jésus-Christ, après son baptême par Jean dans le Jourdain et avant de commencer sa vie publique, se retire pendant 40 jours dans le désert, y pratiquant un jeûne intégral, priant et affrontant directement la puissance du diable. Aussi « l’Eglise s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus dans le désert » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 540). La liturgie met en rapport ces quarante jours du Christ luttant dans le désert contre le démon avec le mystère de notre Rédemption accomplie par la victoire de la Croix.

5. Depuis quand le carême existe-t-il ?
La plupart des commentateurs modernes sous influence moderniste prétendent que le carême aurait été institué par l’Eglise au IVème siècle, mais ce n’est pas l’avis des anciens : les Pères de l’Eglise affirment que le carême a été institué par les Apôtres eux-mêmes. Saint Augustin écrit que ce dont on constate l’existence dans toutes les Eglises sans qu’on puisse montrer à quel moment cela y a été établi est d’institution apostolique.

6. A quoi nous invite l’Eglise pendant le carême ?
L’Eglise nous invite à faire du Carême une espèce de retraite spirituelle au cours de laquelle nous faisons un plus grand effort d’attention à Dieu, par la méditation et la prière, un effort de plus grande attention aux autres par la charité, et un effort de mortification personnelle qui est une manière de porter une plus grande attention à notre véritable dignité. Le carême est un moment très important pour la purification de nos cœurs et pour une croissance qualitative de notre vie chrétienne.

7. Quelles sont les pratiques particulières du carême ?
Le carême est un temps de pénitence et de renouveau intérieur au cours duquel sont prescrits le jeûne et l’abstinence, une intensification de la vie de prière et une pratique plus marquée des œuvres de charité, spécialement l’aumône.
Les églises d’Orient ont conservé une discipline alimentaire extrêmement ancienne et très stricte, alors que dans l’Eglise latine la pratique actuelle du jeûne quadragésimal (= du carême) a été considérablement assouplie. Jusqu’à une date encore récente, tous les jours du carême devaient être jours de jeûne et d’abstinence (sauf dimanches et grandes fêtes), ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Si dans l’Eglise latine la loi commune n’est plus aussi sévère que jadis, ce n’est cependant pas une invitation au laisser aller. La loi détermine le minimum obligatoire pour tous, mais elle n’oblige pas à se contenter du minimum. Il est donc louable, en fonction de la situation et des possibilités de chacun, de continuer à pratiquer une véritable ascèse alimentaire et une plus grande austérité de vie. Tous, même ceux dont l’état de santé ou l’âge ne permettent pas un jeûne alimentaire rigoureux, doivent observer un esprit de pénitence et de conversion.

8. Quelles sont les obligations d’un catholique pendant le carême ?
Il doit accomplir les préceptes du jeûne le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint et celui de l’abstinence chaque vendredi. Mentionnons aussi – au terme du carême – l’obligation de la confession et de la communion pascales.

9. En quoi consiste le jeûne ?
Le jeûne consiste à faire un seul véritable repas pendant la journée, et à ne prendre qu’une collation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf bien sûr en cas de maladie.

10. Qui est obligé au jeûne ?
La loi du jeûne oblige tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 60 ans.

11. Qu’est-ce que l’abstinence ?
L’abstinence est le fait de se priver de viande (rouge, blanche ou dérivée).

12. Qui est obligé à l’abstinence ?
La loi de l’abstinence oblige tous ceux qui ont accompli 14 ans.

13. Dans quel esprit doit-on pratiquer le jeûne et l’abstinence ?
Pour un cœur véritablement chrétien, le jeûne et l’abstinence ne sont pas des choses sans importance et vont bien au-delà du simple aspect de la « privation d’aliment ». Si le jeûne et l’abstinence ne sont qu’un exercice « physique » ou « diététique », ils n’ont pas de valeur spirituelle (« Pénitence de bête » dit St Jean de la Croix)… Ce qui leur confère un sens, c’est d’abord l’esprit d’obéissance à Dieu, à travers Son Eglise qu’il a instituée pour nous indiquer les voies du salut. Cet esprit d’obéissance témoigne de la vérité de notre amour. En effet, la meilleure preuve d’amour que nous puissions donner à quelqu’un c’est d’être capable de renoncer à quelque satisfaction personnelle pour lui.
Le jeûne et l’abstinence du chrétien sont une ascèse qui tend à rétablir la domination de l’âme sur le corps, alors que bien souvent – par la sensualité – c’est notre corps qui domine l’esprit et entraine l’âme dans la désobéissance aux préceptes divins. En étant soumis au jeûne, le corps est replacé dans sa vraie position : celle de serviteur de notre esprit. Ainsi le jeûne manifeste-t-il la remise en ordre de tout notre être : le corps soumis à l’esprit et l’esprit soumis à Dieu par amour. Ainsi jeûne et abstinence sont-ils des moyens concrets par lequel l’Eglise nous permet de croître dans le véritable esprit de pénitence.

14. Qu’est-ce que la pénitence ?
Le mot pénitence, du latin « pænitentia », est la traduction du mot grec « métanoia » qui signifie « conversion » (littéralement : « changement d’esprit »). Faire pénitence, c’est changer de vie en se détournant du mal et de ce qui nous entraine au mal, pour se tourner vers Dieu dont on s’était éloigné.
Nous sommes tous pécheurs : la pratique de la pénitence, par des actes intérieurs et extérieurs, nous permet de réparer l’injustice du péché : injustice envers Dieu, injustice envers nos frères et injustice envers notre propre dignité d’enfant de Dieu. La pénitence est indissociable du regret profond du mal que nous avons commis et de la résolution d’éviter le péché à l’avenir.
Notre-Seigneur a institué et confié à Son Eglise un sacrement pour nous aider dans notre démarche de conversion : c’est le sacrement de pénitence, appelé communément confession. En faisant au Christ Lui-même, qui agit à travers son prêtre, la confession de nos péchés nous libérons notre conscience de ce qui lui pèse et nous sommes soulagés des fardeaux qui entravent notre marche vers Dieu. La confession sacramentelle est obligatoire au moins une fois par an, pour se préparer à Pâques. Une bonne confession doit être claire, concise, concrète et complète.

15. Quelles sont les manifestations de la pénitence ?
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. « L’Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints et la pratique de la charité ‘qui couvre une multitude de péchés’ (1ère épître de St Pierre IV, 8)» (Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 1434).
Il faut aussi se souvenir que c’est la mesure avec laquelle nous pardonnons aux autres qui sera la mesure avec laquelle Dieu nous pardonnera nos propres fautes : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous-mêmes nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». La pratique du pardon entre donc aussi dans notre démarche de conversion personnelle.
Enfin l’exercice de la charité envers nos frères est résumé dans ce que l’on appelle depuis la plus haute antiquité les « œuvres de miséricorde ».

16. Quelles sont les œuvres de miséricorde ?
On distingue les œuvres de miséricorde spirituelles et les œuvres de miséricorde corporelles.

Les œuvres de miséricorde spirituelles sont :
Enseigner l’ignorant.
Conseiller celui qui en a besoin.
Corriger l’égaré.
Pardonner les injures.
Consoler le triste.
Souffrir avec patience les adversités et les faiblesses du prochain.
Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Les œuvres de miséricorde corporelles sont :
Visiter le malade.
Donner à manger à celui qui a faim.
Donner à boire à celui qui a soif.
Secourir le captif.
Vêtir celui qui est sans vêtement.
Accueillir le pèlerin.
Enterrer les morts.

17. Quels sont les jours et les temps de pénitence ?
« Tous les fidèles, chacun à sa manière, sont obligés par la loi divine à faire pénitence ; cependant, afin que tous s’unissent à une pratique commune de pénitence, on a fixé certains jours pénitentiels pendant lesquels les fidèles se dédient de manière particulière à la prière, réalisent des œuvres de piété et de charité, et s’oublient soi-même en accomplissant ses propres obligation avec la plus grande fidélité et, surtout, en observant le jeûne et l’abstinence. » (Code de droit canonique, n° 1249).
« Dans l’Eglise universelle, tous les vendredis de l’année et le temps de carême sont des jours et des temps de pénitence » (Code de droit canonique, n° 1250).
Ajoutons aussi qu’en sus du jeûne et de l’abstinence alimentaires, il y a d’autres jeûnes que nous devons pratiquer pendant les temps de pénitence : le jeûne de certaines distractions ou divertissements (télévision, cinéma, bals, soirées mondaines…etc.).

18. Que doit-on faire les vendredis pendant l’année ?
En souvenir du jour de la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, « pendant tous les vendredis, à moins qu’ils ne coïncident avec une solennité, on doit observer l’abstinence de viande, ou de tout autre aliment déterminé par la Conférence épiscopale ; on gardera jeûne et abstinence le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint » (Code de droit canonique, n° 1251).

19. Quels sont les exercices de dévotion qui conviennent spécialement au carême ?
Ce sera, si possible, l’assistance aux offices liturgiques de manière plus assidue (en plus du dimanche et des jours de précepte), et la réception plus fréquente des sacrements de pénitence et d’Eucharistie ; la lecture et la méditation de la Sainte Ecriture ; éventuellement la participation à des exercices spirituels (retraite paroissiale ou dans une abbaye), la méditation de la Passion de Notre-Seigneur (spécialement par la pratique de l’Heure Sainte le jeudi soir et du Chemin de la Croix le vendredi), la participation à des pèlerinages… etc.

20. Quels sont les fruits d’un bon carême ?
Celui qui vit bien le carême se rapproche de Dieu et grandit en vertu et en grâce. L’effort qu’il fait pour répondre aux appels à la conversion que Notre-Seigneur lui adresse personnellement à travers Son Eglise est également l’occasion d’obtenir des grâces et des bénédictions de Dieu pour toute l’Eglise et pour tous les besoins de l’humanité, en vertu du mystère de la communion des saints.


(lu sur le blogue du Maître-chat Lully)