mardi 30 juin 2015

La fatigue des Prêtres ; prions pour eux et soutenons-les !

Du Pape François Ier, extraits de la Messe chrismale célébrée le matin du Jeudi Saint 2015 


La fatigue des prêtres ! Savez-vous combien de fois je pense à cela : à la fatigue de vous tous ? J’y pense beaucoup et je prie souvent, surtout quand moi aussi je suis fatigué. Je prie pour vous qui travaillez au milieu du peuple fidèle de Dieu qui vous a été confié, et, pour beaucoup, en des lieux très abandonnés et dangereux. Notre fatigue, chers prêtres, est comme l’encens qui monte silencieusement vers le ciel (cf. Ps 140, 2 ; Ap 8, 3-4). Notre fatigue va droit au cœur du Père.

L'agonie à Gethsémani. Un ange envoyé par le Père
console et soutient le Fils de Dieu. Prions-nous notre
Ange gardien et notre saint Patron ?
Soyez sûrs que la Vierge Marie se rend compte de cette fatigue, et la fait remarquer tout de suite au Seigneur. Comme Mère, elle sait comprendre quand ses fils sont fatigués et elle ne pense à rien d’autre. Elle nous dira toujours, lorsque nous venons à elle : « Bienvenue ! repose-toi, fils. Après nous parlerons… Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ? » (cf. Evangelii gaudium, n. 286). Et elle dira à son Fils, comme à Cana : « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3).

Il arrive aussi que, lorsque nous ressentons le poids du travail pastoral, nous ayons la tentation de nous reposer de n’importe quelle manière, comme si le repos n’était pas une chose de Dieu. Ne tombons pas dans cette tentation. Notre fatigue est précieuse aux yeux de Jésus, qui nous accueille et nous fait relever : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, moi je vous procurerai le repos » (cf. Mt 11, 28). Quand quelqu’un sait que, mort de fatigue, il peut se prosterner en adoration et dire : « Ça suffit pour aujourd’hui, Seigneur », et se rendre devant le Père, il sait aussi qu’il ne s’effondre pas, mais qu’il se renouvelle, parce que celui qui a oint le peuple fidèle de Dieu de l’huile d’allégresse, le Seigneur l’oint également : « Il met le diadème sur sa tête au lieu de la cendre, l’huile d’allégresse au lieu des larmes, le chant au lieu d’un esprit abattu » (cf. Is 61, 3).

Ayons bien présent à l’esprit qu’une clé de la fécondité sacerdotale se trouve dans la manière dont nous nous reposons, dont nous sentons que le Seigneur s’occupe de notre fatigue. Comme il est difficile d’apprendre à se reposer ! Là se joue notre confiance, et aussi le souvenir que nous aussi nous sommes des brebis et nous avons besoin du pasteur, qui nous aide. Quelques questions à ce sujet peuvent nous aider.

Est-ce que je sais me reposer en recevant l’amour, la gratuité et toute l’affection que me donne le peuple fidèle de Dieu ? Ou bien, après le travail pastoral est-ce que je cherche des repos plus raffinés, non pas ceux des pauvres, mais ceux qu’offrent la société de consommation ? L’Esprit Saint est-il vraiment pour moi « repos dans la fatigue », ou seulement celui qui me fait travailler ? Est-ce que je sais demander l’aide de quelque prêtre sage ? Est-ce que je sais me reposer de moi-même, de mon auto-exigence, de mon autosatisfaction, de mon autoréférence ? Est-ce que je sais converser avec Jésus, avec le Père, avec la Vierge et Saint Joseph, avec mes saints amis protecteurs pour me reposer dans leurs exigences – qui sont douces et légères –, dans la satisfaction d’être avec eux – eux, ils aiment rester en ma compagnie –, et dans leurs intérêts et leurs références – seule les intéresse la plus grande gloire de Dieu – … ? Est-ce que je sais me reposer de mes ennemis sous la protection du Seigneur ? Est-ce que j’argumente et conspire en moi-même, ressassant plusieurs fois ma défense, ou est-ce que je me confie à l’Esprit Saint qui m’enseigne ce que je dois dire en toute occasion ? Est-ce que je me préoccupe et me tourmente excessivement ou, comme Paul, est-ce que je trouve le repos en disant : « Je sais en qui j’ai mis ma foi » (2 Tm 1, 12) ?

Le portement de la Croix et Simon de Cyrène.
Ayons de bons amis au Ciel mais aussi sur la terre.
Revoyons un moment, brièvement, les engagements des prêtres, qu’aujourd’hui la liturgie nous proclame : porter aux pauvres la Bonne Nouvelle, annoncer la libération aux prisonniers et la guérison aux aveugles, donner la liberté aux opprimés et proclamer l’année de grâce du Seigneur. Isaïe dit aussi soigner ceux qui ont le cœur brisé et consoler les affligés.

Ce ne sont pas des tâches faciles, ce ne sont pas des tâches extérieures, comme le sont par exemple les activités manuelles – construire une nouvelle salle paroissiale, ou tracer les lignes d’un terrain de football pour les jeunes du patronage… ; les tâches mentionnées par Jésus engagent notre capacité de compassion, ce sont des tâches dans lesquelles le cœur est « mû » et ému. Nous nous réjouissons avec les fiancés qui se marient, nous rions avec l’enfant qu’ils font baptiser ; nous accompagnons les jeunes qui se préparent au mariage et à la famille ; nous nous affligeons avec celui qui reçoit l’onction sur un lit d’hôpital ; nous pleurons avec ceux qui enterrent une personne chère… Tant d’émotions… Si nous avons le cœur ouvert, cette émotion et tant d’affection fatiguent le cœur du pasteur. Pour nous, prêtres, les histoires de nos gens ne sont pas un bulletin d’information : nous connaissons nos gens, nous pouvons deviner ce qui se passe dans leur cœur ; et le nôtre, en souffrant avec eux, s’effiloche, se défait en mille morceaux, il est bouleversé et semble même mangé par les gens : prenez et mangez. C’est la parole que le prêtre de Jésus chuchote constamment quand il prend soin de son peuple fidèle : prenez et mangez, prenez et buvez… Et ainsi notre vie sacerdotale se donne dans le service, dans la proximité du peuple de Dieu… qui toujours, toujours fatigue.

Je voudrais maintenant partager avec vous quelques autres fatigues sur lesquelles j’ai médité.

Il y a celle que nous pouvons appeler « la fatigue des gens, la fatigue des foules » : pour le Seigneur, comme pour nous, elle était épuisante – l’Évangile le dit –, mais c’est une bonne fatigue, une fatigue pleine de fruits et de joie. Les gens qui le suivaient, les familles qui lui portaient leurs enfants pour qu’il les bénisse, ceux qui avaient été guéris, qui venaient avec leurs amis, les jeunes qui s’enthousiasmaient pour le Rabbi…, ne lui laissaient même pas le temps de manger. Mais le Seigneur ne se fatiguait pas de rester avec les gens. Au contraire : il semble que cela le remontait. (cf. Evangelii gaudium, n. 11). Cette fatigue au milieu de notre activité est, en général, une grâce qui est à portée de main de nous tous, prêtres (cf. ibid., n. 279). C’est vraiment une belle chose : les gens aiment, désirent et ont besoin de leurs pasteurs ! Le peuple fidèle ne nous laisse pas sans occupation directe, sauf si on se cache dans un bureau ou si on part en ville avec des verres teintés. Et cette fatigue est bonne, c’est une fatigue saine. C’est la fatigue du prêtre avec l’odeur de ses brebis…, mais avec le sourire de papa qui contemple ses enfants et ses petits-enfants. Rien à voir avec ceux qui sentent des parfums chers et qui te regardent de loin et de haut (cf. ibid., n. 97). Nous sommes les amis de l’Époux, c’est là notre joie. Si Jésus fait paître le troupeau au milieu de nous, nous ne pouvons pas être des pasteurs au visage acide, qui se lamentent, ni, ce qui est pire, des pasteurs qui s’ennuient. Odeur des brebis et sourire de pères… Oui, très fatigués, mais avec la joie de celui qui écoute son Seigneur qui dit : « Venez les bénis de mon Père » (Mt 25, 34).
Dieu seul est le Consolateur, Celui qui connaît nos
cœurs. Détail d'une Crucifixion.

Il y a aussi la fatigue que nous pouvons appeler « la fatigue des ennemis ». Le démon et ses adeptes ne dorment pas ; et comme leurs oreilles ne supportent pas la Parole de Dieu, ils travaillent inlassablement pour la faire taire ou la troubler. Ici la fatigue de les affronter est plus dure. Non seulement il s’agit de faire le bien, avec toute la peine que cela comporte, mais il faut aussi défendre le troupeau et se défendre soi-même du mal (cf. Evangelii gaudium, n. 83). Le malin est plus astucieux que nous, et il est capable de démolir en un moment ce que nous avons construit avec patience durant beaucoup de temps. Il est nécessaire ici de demander la grâce d’apprendre à neutraliser– c’est une habitude importante : apprendre à neutraliser ‑ : neutraliser le mal, ne pas arracher l’ivraie, ne pas prétendre défendre comme des surhommes ce que seul le Seigneur doit défendre. Tout cela aide à ne pas baisser les bras devant l’épaisseur de l’iniquité, devant la dérision des méchants. La parole du Seigneur pour ces situations de fatigue est : « Ayez courage, j’ai vaincu le monde ! » (Jn 16, 33). Et cette parole nous donnera de la force.

Et une dernière – dernière pour que cette homélie ne vous fatigue pas trop – il y a aussi « la fatigue de soi-même » (cf. Evangelii gaudium, n. 277). C’est peut-être la plus dangereuse. Parce que les deux autres proviennent du fait d’être exposé, de sortir de nous même pour oindre et nous donner quelque chose à faire (nous sommes ceux qui prenons soin). En revanche, cette fatigue est plus autoréférentielle : c’est la déception de soi-même, mais pas regardée en face, avec la sérénité joyeuse de celui qui se découvre pécheur et qui a besoin de pardon, d’aide : celui-là demande de l’aide et va de l’avant. Il s’agit de la fatigue qui porte à « vouloir et ne pas vouloir », le fait de tout risquer et ensuite de regretter l’ail et les oignons d’Égypte, de jouer avec l’illusion d’être autre chose. J’aime appeler cette fatigue « minauder avec la mondanité spirituelle ». Et quand on reste seul, on s’aperçoit que beaucoup de secteurs de la vie ont été imprégnés de cette mondanité, et on a même l’impression qu’aucun bain ne peut la nettoyer. Il peut y avoir là pour nous une mauvaise fatigue. La parole de l’Apocalypse nous indique la cause de cette fatigue : « Tu ne manques pas de persévérance, et tu as tant supporté pour mon nom, sans ménager ta peine. Mais j’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné » (2, 3-4). Seul l’amour donne du repos. Celui qui ne s’aime pas se fatigue mal, et à la longue, se fatigue plus mal.

L’image la plus profonde et mystérieuse de la manière dont le Seigneur s’occupe de notre fatigue pastorale est celle de celui qui « ayant aimé les siens…, les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1) : la scène du lavement des pieds. J’aime la contempler comme lavement de la sequela. Le Seigneur purifie la sequela elle-même, il s’implique avec nous (Evanglii gaudium, n. 24), il se charge le premier de nettoyer toute tache, ce smog mondain et onctueux qui s’est collé durant le chemin que nous avons fait en son Nom.

Jésus, Sauveur, doux et humbles de Cœur :
"Venez à moi, vous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau ..."


lundi 29 juin 2015

Le Prêtre - "alter Christus"

Par le Sacrement de l’Ordre, le Sacerdoce ministériel configure l’homme qui reçoit cette charge et ce don au Christ comme chef de l’Église. A ce propos, la vénérable Conchita Cabrera de Armida rapportait ces paroles du Christ à propos de ses prêtres :


Ordination sacerdotales, l'imposition des mains
« Depuis toujours, Je vois mes prêtres d'un regard plein d'un amour qui les choisit et les enveloppe de toute éternité, englobant non seulement leurs âmes bien-aimées, mais aussi des milliers d'âmes, car chaque prêtre est la tête de beaucoup d'autres âmes.

En regardant éternellement le prêtre, J'ai contemplé en lui une foule d'âmes engendrées de lui par la générosité du Père, rachetées par lui en union avec mes mérites, formées par lui, sanctifiées et sauvées par lui et qui Me rendront gloire éternellement.

Ne crois pas que la vie d'un prêtre soit unique ou isolée ; non, dans la vie d'un prêtre, Je contemple beaucoup de vies dans le sens spirituel et saint, bien des cœurs qui donneront de la gloire éternellement
 »
(14 novembre 1927)

Dans la crise actuelle, où l'identité sacerdotale semble se perdre, même chez les prêtres, le message de la vénérable Conchita est d’une grande actualité :

L'onction de Saint Chrême dans les mains des ordinands
« Quand J'ai pris la nature humaine, J'ai apporté l'amour à l'homme. Ayant le même sang, la fraternelle liaison unissant les deux natures, la divine et l'humaine, J'ai divinisé l'homme, le mettant au contact du Verbe, le soulevant au-dessus des choses de la terre pour qu'il aspire vers le ciel.

Mais parmi tous les hommes, J'en ai distingué quelques-uns qui devaient être les miens, «d'autres Moi», ceux qui continueraient la mission qui m'a amené sur la terre, celle de conduire vers mon Père ce qui était sorti de Lui, des âmes qui le glorifient éternellement »
(11 janvier 1928)

« Je ne finirais pas de dire tout ce que les prêtres sont pour moi : mes mains, mes ouvriers, mon Cœur même et le centre d'innombrables âmes.

Dans le prêtre, je contemple le reflet de mon Père. Je me vois Moi-même et l’Esprit Saint. Dans le prêtre, Je contemple les mystères : celui de l'unité de son être intime avec la Très sainte Trinité. Je contemple le mystère de l'Incarnation que le prêtre rend présent dans chaque messe. Je contemple celui de l'Eucharistie qui ne produirait pas sans son concours. Je vois enfin les Sacrements et mon Église aimée et des milliers d'âmes engendrées dans la sienne pour la gloire de Dieu. Je me contemple Moi-même à chaque instant dans mes prêtres. Mais Je devrais me contempler tel que Je suis en eux, Saint parmi les saints et non pas défiguré par leurs péchés. »

(20 novembre 1929)



vendredi 26 juin 2015

"C'est le Seigneur " ; Allez à la Messe !


De Saint Théophane le reclus


Allez aussi souvent que possible à la Liturgie, et quand elle est célébrée, croyez fermement et d'une foi radieuse en ce sacrifice qui est offert à Dieu.


Le Sacrement du Corps et du Sang est le divin Aliment pour le Chrétien, et un sacrifice.


Pas tout le monde ne reçoit la Communion à chaque Liturgie, mais le sacrifice est accompli de tous et pour tous. Dès lors, tous devraient y participer.


L'élévation du Corps du Christ, miracle de Bolsena

mardi 23 juin 2015

Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde !

L'Ange de l'Eucharistie, Fatima
Témoignage de Mgr Charles Pope

Un dimanche, il y a de cela quelques années, je célébrais la messe dans l'église Santa Maria de Washington (États-Unis). Une messe solennelle qui, exceptionnellement, était en latin. Mais ce dimanche n'était pas très différent des autres dimanches. Sauf que…

Vous n'êtes pas sans savoir que "l'ancienne messe en latin" était célébrée ad orientem, c'est-à-dire orientée en direction de l'est liturgique. Le prêtre et les fidèles faisaient tous face dans la même direction, ce qui signifie que le célébrant se tenait, en pratique, dos au peuple. Au moment de la consécration, le prêtre s'inclinait, les avant-bras sur l'autel, tenant l'hostie entre les doigts. Ce jour-là, je prononçai les vénérables paroles de la consécration à voix basse, mais de manière claire et distincte : « Hoc est enim Corpus meum » (« Ceci est mon Corps »). La cloche sonna alors que je m'agenouillai. Derrière moi, cependant, j'entendis comme un brouhaha, une agitation et des sons incongrus en provenance des bancs de devant, juste derrière moi, un peu à ma droite. Ensuite, un gémissement ou grognement

« Qu'est-ce que c'est ? », me suis-je demandé. Apparemment, ce n'étaient pas des sons humains, mais comme les grognements d'un animal, un sanglier ou bien un ours, associés à un gémissement plaintif, qui ne semblait pas humain non plus. J'élevai l'hostie tout en me demandant à nouveau : « Qu'est-ce que c'est ? ». Puis, le silence. Comme je célébrais l'ancien rite de la messe en latin, je ne pouvais pas me retourner facilement pour regarder. Mais je continuais à penser : « Qu'est-ce que c'était ? ».

Arriva le moment de la consécration du calice. Je m'inclinai à nouveau, en prononçant à voix basse, mais clairement et distinctement, les paroles de la consécration : « Hic est enim calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti; mysterium fidei; qui pro vobis et pro multis effundetur em remissionem pecatorum. Haec quotiescumque feceritis in mei memoriam facietis » (« Car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela, en mémoire de moi »).
Les Saints Anges en adoration, Budapest

C'est alors que j'entendis à nouveau un bruit, cette fois indéniablement un gémissement et, tout de suite, le cri de quelqu'un qui suppliait : « Jésus, laisse-moi en paix ! Pourquoi me tortures-tu ainsi ? ». Il y eut soudain un bruit comme une lutte et quelqu'un qui courait dehors, avec un gémissement comme s'il était blessé. Les portes de l'église se sont ouvertes puis refermées. Ensuite le silence.

Je ne pouvais pas me retourner car j'élevais le calice de la consécration. Mais je compris à ce moment-là qu'une pauvre âme tourmentée par le démon, se voyant face au Christ dans l'Eucharistie, n'avait pas pu supporter sa présence réelle, exposée devant tout le monde. Je me suis alors souvenu des paroles de l'Écriture : « Les démons le croient aussi, et ils tremblent » (Jc 2,19).

Comme saint Jacques qui employa ces paroles pour raviver la foi faible de son troupeau, moi aussi j'ai des raisons de faire mon mea culpa. Pourquoi, en fin de compte, un pauvre homme tourmenté par le démon était plus conscient que je ne le suis, moi, de la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie ? Pourquoi se montrait-il plus « choqué » que moi par cette présence ? Il est resté lui affecté négativement et s'est enfui en courant. Mais, pourquoi moi n'étais-je pas affecté positivement, avec la même intensité ? Et combien de croyants, restaient tranquillement sur leurs bancs ? Je ne doute pas un instant que nous tous, tant que nous sommes, croyons de façon intellectuelle en la présence eucharistique. Mais c'est quelque chose de différent et de merveilleux si nous nous laissons émouvoir par cette présence dans la profondeur de notre âme. Qu'il est facile de bailler en présence du Divin ! Et nous oublions la présence miraculeuse et ineffable qui est disponible, là, pour tous.

Je veux témoigner que, ce jour-là, voici près de 15 ans, il m'est apparu très clairement que je tenais dans mes mains le Seigneur de Gloire, le Roi du ciel et de la terre, le Juge Juste et le Roi des rois de la terre. Jésus est-il présent dans l'Eucharistie ? Même les démons le croient ! Et vous ?


Le démon vaincu, détail des mosaïques du mystère de l'Annonciation,
Basilique du Rosaire à Lourdes


dimanche 21 juin 2015

Le Corps du Christ ; un don ou un du ?

Lavement des pieds, ivoire, XVe siècle
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean Pateau, Père Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, 2 avril 2015 – Jeudi Saint

Cum dilexisset eos... in finem dilexit eos. Ayant aimé les siens... il les aima jusqu'à la fin. (Jn 13,1)


Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,

Le Sacrement de l’Eucharistie dont nous commémorons ce soir l'institution, le Mystère pascal, Mort et Résurrection de Jésus, sont-ils des dons ou des dus ?

Cette question, posée au seuil du Triduum pascal, qui couvre la période du Jeudi-saint au matin de Pâques, est essentielle. La réponse conditionnera les actes de notre vie chrétienne face aux mystères situés à la racine de notre foi : « Si le Christ n'est pas ressuscité, dit saint Paul, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. » (1Co 15,14)
Si le Mystère pascal est un dû, au fond il n'y a pas à s'en soucier. C'est dans l'ordre des choses. Dieu s'occupe de moi comme il veut, c'est normal. Il fait son travail de Dieu.

Si le Mystère pascal est un don, et que ce don a Dieu pour auteur, la perspective change. Dieu, créateur de l'univers, se donne à sa créature ; le Tout-Puissant, à celui qui est impuissant. Une dimension nouvelle s'ouvre dans la relation de l'homme à Dieu, et par conséquent aux autres, celle de l'Amour gratuit. La scène du lavement des pieds, que la liturgie invite à renouveler aujourd'hui, entre dans cette perspective.

Les premiers mots de l'Évangile que nous venons d'entendre résonnent comme un résumé du don pascal. Ils ouvrent, en l'Évangile selon saint Jean, le récit du Triduum. L'Heure de Jésus, de son ultime témoignage d'amour, de son passage, de sa Pâque, est arrivée.

Avant la fête de la Pâques, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. (Jn 13, 1)

Recevrons-nous ce témoignage ? Il n'est pas facile de se laisser laver les pieds par Jésus. Pierre, le premier, en fait la rude expérience. La divinité de Dieu se manifeste pour lui dans la puissance, non dans l'humilité d'un geste d'esclave. Qui n'a pas d'idées sur ce que Dieu devrait faire, ou du moins ne pas permettre ?

Pierre est prêt à dégainer son épée pour défendre son Dieu. Il n'est pas encore prêt, comme Dieu, à se faire serviteur de ses frères, à leur laver les pieds.

Pierre estime ne pas avoir besoin d'un Dieu humble et miséricordieux, mais d'un Dieu puissant et vengeur. Dans quelques heures qu'en sera-t-il ?

Messe de la Fête-Dieu, Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Après avoir trahi Jésus par un triple reniement, après avoir fait l'expérience du regard de Jésus fixé sur lui dans la maison du Grand Prêtre, Pierre saisit que le chemin de Dieu dans son cœur passe par l'acceptation d'un regard de Miséricorde sur sa pauvre vie. Croisant le regard de Jésus, il mesure combien Dieu se fait petit, mendiant d'amour, devant l'homme pécheur. Qu'est devenu le disciple fier de suivre Jésus alors que les autres s'étaient éloignés ? Pierre se retire et pleure amèrement. Pleure-t-il sa faute ? On le croit habituellement. Ne pleurerait-il pas plutôt devant l'abondante Miséricorde dont il vient de se sentir l'objet ? Pierre a compris et il pleure.

Celui qui, depuis le début, voulait défendre Dieu, a trébuché. Il est relevé par le regard de son Maître, prison- nier, humilié, bafoué, bientôt couronné d'épines.

Pierre pleure parce que le Seigneur lui offre son témoignage d'amour jusqu'à la fin. Devant le disciple humilié, Jésus se fait petit. Il mendie son amour. Pierre voulait offrir ses armes, Jésus lui demande ses larmes, son cœur, sa vie. Quelques jours plus tard, au bord du lac de Tibériade, ce regard se fera parole : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21, 15). Aujourd'hui, la même question retentit pour nous.

Demain, les bras ouverts du Crucifié proposeront au monde de venir boire, au côté transpercé, les flots purifiants de la grâce. « Tout est accompli. » (Jn 19,30)

Par la mort sur la Croix, le Christ fait irruption dans la vie de chaque homme. De tous les tabernacles de la terre, sous l'aspect humble de l'hostie, jaillit encore ce cri d'appel : « M'aimes-tu ? » Il s'agira désormais pour chaque homme, pour chaque société, de répondre à la quête du Seigneur. À travers les sacrements, tout particulièrement le sacrement de pénitence, Dieu vient proposer à nouveau sa grâce. Les prêtres, les consacrés, les chrétiens, les hommes de bonne volonté, se font l'écho de sa parole jusqu'aux confins de la terre.

Pourquoi tant de profanations, tant de tabernacles brisés, tant d'églises brûlées ? Pourquoi tant de chrétiens massacrés, ou plus communément exclus de la vie publique, moqués par les sociétés et les hommes de notre temps ?

Fête-Dieu à Séville, reposoir.
"Vous ferez cela en mémoire de moi"
En face de la Croix, en face du tabernacle, nul ne peut-être indifférent. La dérision, les profanations, ne sont que fin de non recevoir au mendiant qui frappe à la porte, et qui n'a rien d'autre à proposer que son amour. Il est facile d'avoir dans sa vie une idole, un leader, un beau parleur, un entraîneur... il est plus difficile d'avoir comme maître un mendiant, un crucifié. En Jésus, Pierre à découvert l'amour fidèle, l'amour à l'épreuve de la trahison, l'amour jusqu'au don de sa vie, l'amour jusqu'à la fin.

Alors que nous recevons à genoux le sacrement de son corps et de son sang, Dieu se donne, mendiant d'amour. Il attend de nous non des armes, mais des cœurs. L'ami de Jésus ne peut se contenter d'un amour à moindres frais, d'une fidélité à éclipse, s'il veut convertir le monde.

Tel Pierre, le monde défend ses dieux : argent, pouvoir, infidélité, mépris de la vie d'autrui, culture de mort et du rebut. À l'école du crucifié, mendiant d'amour, devenons par notre miséricorde, par notre regard sur autrui, à notre tour, des mendiants d'amour. Imitons les gestes du Seigneur à l'égard de nos frères : le lavement des pieds, le regard sur saint Pierre. Écoutons ses paroles de consolation. Alors, des yeux desséchés des hommes de notre temps, couleront les larmes qui, un soir, ont mouillé les yeux de Pierre. À eux s'adresse le commandement du bel amour.

Que Marie, Mère très aimante, nous tienne en ces jours au pied de la Croix. Ainsi soit-il.


mercredi 17 juin 2015

Aimer le Seigneur plus que tout : le respect du à la liturgie de l'Eglise

Du vénérable abbé Henri-Marie Boudon, « De la sainteté de l’état ecclésiastique »


Entre toutes les vertus les plus nécessaires aux ecclésiastiques, la dévotion est la première qu’ils doivent posséder dans un degré plus éminent. Car si la dévotion suppose l’amour de Dieu et même n’est qu’un véritable amour de Dieu et un amour de Dieu dans un excellent degré, qui nous fait agir avec soin et avec promptitude dans tout ce qui regarde son service, il faut demeurer d’accord que c’est la vertu la plus nécessaire à ceux que leur profession engage davantage à son culte.

Et sans cette vertu, ils mèneront une vie bien éloignée de leur sainte vocation, et c’est une grande vérité qu’il n’y a rien de plus lamentable qu’un ecclésiastique indévot car il ne faut pas attendre qu’il s’acquitte des devoirs de son état ; c’est ce qu’il fera le moins et souvent il fera tout le contraire.

Il faut avoir de la dévotion pour réciter son Office distinctement posément et avec l’attention qui est due à la Majesté souveraine à laquelle l’on parle, et non pas à la hâte par routine et avec une négligence pitoyable.
Il en faut avoir pour traiter les Mystères avec la gravité et la bienséance digne d’un Dieu à qui l’on sert et qui est le Maître le plus mal servi du monde. La manière dont plusieurs ecclésiastiques s’acquittent de leurs fonctions donne lieu aux hérétiques de les mépriser et, voyant leur irrévérence, ils ne se peuvent persuader que l’Esprit de Dieu y soit.

Il est vrai qu’il n’y a rien de plus saint ni de plus glorieux à Dieu que le divin Sacrifice de la Messe. Peut-être avons-nous déjà dit que si l’on mettait ensemble toutes les vertus, toutes les bonnes œuvres des hommes et des Anges et toutes les louanges, tous les honneurs, tous les services qu’ils ont rendus à Dieu et qu’ils rendront éternellement, tout cela n’est pas si glorieux à Dieu qu’une seule Messe.

C’est donc priver cette Majesté suradorable d’une gloire inexplicable que de ne pas célébrer une seule fois ce divin Mystère quand on le peut faire dans son ordre. Mais il faut avoir de la dévotion pour ne le pas négliger et pour le célébrer dignement. Un Prêtre indévot se mettra peu en peine de s’en abstenir ou, s’il offre ce Sacrifice divin, ce sera souvent parce qu’il y est obligé à raison de la condition où il est, ou par habitude, ou par un esprit sordide et des vues humaines. Il est vrai que les choses saintes se doivent traiter saintement et par des Saints, mais malheur à celui qui n’est pas en état et qui ne se prépare pas dignement pour célébrer le très saint Sacrifice de la Messe.

Les ecclésiastiques, selon la doctrine de l’Apôtre, doivent s’exercer à la piété car, si c’est une parole véritable et digne d’être reçue avec grande joie selon que l’enseigne le même homme Apostolique : que la piété est utile à tous pour nous servir encore de ses paroles ; il faut dire que le mystère de la piété est grand pour savoir se conduire dans la maison de Dieu qui est l’Eglise et la servir avec tout respect et diligence.

Le défaut ecclésiastique de cette vertu dans les ecclésiastiques est une source d’une infinité d’irrévérences qu’ils commettent dans leur ministère à l’égard du culte intérieur et extérieur qu’ils doivent rendre à Dieu à l’égard de son sacré Corps, des saintes Reliques, des vases sacrés, des images saintes, des ornements, de la décoration des temples et de tout ce qui regarde leurs fonctions ; et il n’y en a pas une seule dont ils ne se doivent acquitter avec tous les respects imaginables. ~ Mais le peu de lumière que l’on a de la grandeur de Dieu est cause du peu de respect que l’on porte aux choses qui regardent son service.



L'Eglise, image de la Jérusalem céleste


dimanche 14 juin 2015

Contre les blasphèmes et les folies impies des hommes : réparer par notre fidélité et notre charité

Cimetière profané, croix détruites, la mémoire de
nos défunts insultée.
Notre pays, depuis plusieurs années, est la cible de la malveillance de plusieurs personnes, de membres de groupes satanistes, souillant nos églises - la maison de Dieu parmi les hommes -, profanant les tabernacles et profanant le Corps du Christ eucharistique, détruisant ou souillant les images des saints, déshonorant la mémoire de nos morts en profanant les cimetières où reposent nos chers défunts, les membres de nos familles !

Porte de tabernacle brisée, ciboire vidé à terre,
le Corps du Christ piétiné... La Passion du Christ
jusqu'à la fin du monde !
Ces blasphèmes et ces profanations sont terriblement graves. Ces actes engagent le Salut éternel de ceux qui osent commettre de tels actes impies, sacrilèges et immoraux, malheureusement laissés impunis par les autorités civiles de notre pays qui n'ont que faire de nous, Chrétiens. 

Ces actes ne sont malheureusement pas nouveaux et partout où le Christ étend son règne, le démon se débat pour abîmer, souiller et détruire. Mais notre Sauveur n'est-Il pas vainqueur du monde  ? Alors prions et supplions pour la conversion des pécheurs. Mais nous chrétiens, et particulièrement les Prêtres, les catéchistes et les religieux, ayons un grand soin de Notre Sauveur présent au tabernacle, de ses églises, des vases et des linges sacrés. Car, si de tels actes sont commis, c'est peut être aussi de notre faute. Si nous ne délaissions pas nos églises, le Seigneur présent au tabernacle, peut être que nos compatriotes ne tomberaient pas dans ces folies qui les conduisent tout droit en Enfer...

Devenons des Saints et prions, aimons, réparons par plus d'amour, de foi, d'espérance, de charité et de prière.

Qui osera encore dire que les chrétiens ne sont pas persécutés ? Et là, il n'est question que des cimetières de notre pays. Quels malheurs, quelle folie !

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon, « De la sainteté de l’état ecclésiastique »

~ Pour connaître les désordres de la Maison de Dieu et y apporter tous les remèdes possibles.

Car ils (les chrétiens) doivent beaucoup veiller à tout ce qui regarde le culte de Dieu :
-aux corporaux, à ce qu’ils ne soient point troués, qu’ils soient bien nets et bien blancs, que l’on change de temps en temps ceux qui servent dans le Tabernacle sous le saint ciboire car il y en a qu’on y laisse ses années entières ! ;
-que l’on ne se serve pas de purificatoires sales, ce qui est assez ordinaire ;
-que les palles soient aussi nettes ;
-que les nappes des autels ne soient pas pleines de poussière et qu’on les fasse blanchir de temps en temps aussi bien que les autels et tout le reste du linge.
Il serait à désirer que les palles fussent couvertes de linge et non pas d’étoffes parce que, dans la suite du temps, elles se gâtent et se noircissent et on n’y peut pas remédier qu’en les changeant.

Il faut prendre garde :
-que tous les autres ornements soient dans un état décent comme les chasubles, les étoles, les manipules, les voiles, soit pour couvrir le calice soit pour couvrir le ciboire ;
-que les autels portatifs ne soient pas placés loin du bord de la table, que les châssis de bois pour soutenir les devants d’autel ne soient pas plus larges que de deux doigts pour les inconvénients dont nous avons parlé ;
-qu’il n’y ait point d’images mutilées ou habillées mondainement ou en qui l’on remarque des nudités (car en ce cas il les faut absolument ôter) ;
-que les sièges soient dans une distance éloignée des autels ;
-que les vaisseaux des saintes huiles et ce qui sert à l’usage du saint Baptême soient bien propres (NB. Les ampoules du Saint-Chrême ; de l’huile des malades ; de l’huile des catéchumènes) ;
-que les clefs du tabernacle, des ornements, des saintes huiles et des fonts baptismaux soient gardées avec la dernière exactitude sans les laisser jamais sans être enfermées sous quelque autre clef que l’on doit emporter et ne les laisser pas à l’Eglise sous prétexte qu’on les cache en quelque lieu secret ;
-que l’on ne fasse point d’irrévérences en sonnant les cloches selon que nous l’avons remarqué ci-devant ;
-que les livres de l’Eglise ne soient pas déchirés : ceux qui servent à célébrer le très saint Sacrifice de la Messe ou à chanter l’Office divin ;
-que les cimetières soient bien clos et qu’ils ne servent jamais à aucun usage profane comme à y faire paître des bêtes, à y étendre du linge ou du foin ou à y causer et s’entretenir d’affaires séculières.


S. Em. R. le Cardinal Burke célébrant la sainte Messe avec le respect et
la dignité dus au Seigneur Jésus - Eucharistie

En réparation des péchés, des injures faites au Christ, des blasphèmes que nous devons réparer par notre amour et notre charité :

Dieu soit béni,
Béni soit son Saint Nom,

Béni soit Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme,
Béni soit le Nom de Jésus,
Béni soit son Sacré Cœur,
Béni soit son Précieux Sang,
Béni soit Jésus-Christ au Très Saint Sacrement de l’autel,

Béni soit l’Esprit Saint Consolateur,

Bénie soit l’Auguste Mère de Dieu, la Très Sainte Vierge Marie,
Bénie soit sa Sainte et Immaculée Conception,
Bénie soit sa Glorieuse Assomption,
Béni soit le nom de Marie, Vierge et Mère,

Béni soit Saint Joseph, son très chaste époux,

Béni soit Dieu dans ses Anges et dans ses Saints.