Gravure du vénérable abbé Boudon |
« Vie nouvelle de Henri-Marie Boudon »,
par S.Exc.R. Mgr Matthieu, Archevêque de Besançon
« Nous, Henri-Marie Boudon, ci-devant grand archidiacre d’Evreux, déclarons que notre dernière résolution est, malgré toutes les inclinations que nous aurions d’être enterré avec les pauvres, supposé que l’on ne voulût pas nous mettre au gibet, est d’être enterré chez MM. du séminaire du précieux Cœur de l’immaculée Vierge Mère de Dieu, à l’entrée de leur église, sous les marche pieds de pierre, afin d’y être foulé incessamment aux pieds. »
« Fait ce 23 d’août, jour de la fête de Saint Philippe de Béniti, religieux et digne serviteur de la glorieuse Mère de Dieu et l’un de ses apôtres, 1702 »
Signé : Boudon
La mort de Boudon répandit cette
odeur d’édification et de sainteté qui fait présager ici-bas quelle est la
libéralité infinie de Dieu sur les âmes qu’il a purifiées dans les
souffrances ; leur triomphe date de
ce moment lugubre et leur gloire semble sortir de la corruption du tombeau.
Ce ne furent pas
seulement ses amis qui reconnurent, dans l’excès de leur douleur, qu’aucune
liaison ne pourrait leur procurer des avantages aussi précieux, mais ceux mêmes
qui, pendant sa vie avaient trop négligé de profiter de ses pieux exemples, convinrent
alors que l’Eglise perdait un de ces
hommes rares et parfaits que Dieu lui accorde dans sa miséricorde pour faire
son ornement et sa consolation.
Les louanges qu’on lui prodigua et les
regrets qu’on exprima sur
sa perte devinrent universels et, tel est l’ascendant irrésistible que reprend
tôt ou tard la vertu, que personne ne fut indifférent à la mémoire d’un homme
dont tant de gens semblaient avoir oublié jusqu’à l’existence.
Nous excéderions
les bornes que nous nous sommes prescrites si nous rapportions les marques de douleur et de respect que
donnèrent à sa mort les personnes pieuses qui avaient eu le bonheur de le
connaître et de le révérer pendant sa vie. On
écrivait de toutes parts à Evreux pour obtenir quelque chose qui lui eût
appartenu ou une copie de son portrait.
Les religieuses de
Pont-Audemer en placèrent une dans leur
oratoire afin d’y recourir dans leurs besoins pour lui demander que dans le
Ciel il fût leur père comme il l’avait été sur la terre.
On réclamait avec empressement de ses amis quelques détails sur sa sainte vie et c’est à cette pieuse curiosité que nous devons les manuscrits de MM. Bosguérard, Thomas et Courtin. La duchesse de Bavière, qui ne pouvait pas croire qu’on eût privé le public de l’édification que cette vie devait lui procurer, la fit chercher à Paris avec un soin inutile quelques années après la mort de Boudon.
On réclamait avec empressement de ses amis quelques détails sur sa sainte vie et c’est à cette pieuse curiosité que nous devons les manuscrits de MM. Bosguérard, Thomas et Courtin. La duchesse de Bavière, qui ne pouvait pas croire qu’on eût privé le public de l’édification que cette vie devait lui procurer, la fit chercher à Paris avec un soin inutile quelques années après la mort de Boudon.
Plaque, dans la même chapelle, rappelant le transfert de son cœur. |
La vénération qu’il
avait inspirée était telle qu’on
regardait les lieux qu’il avait habités comme consacrés par une grâce
particulière.
Le P. du Puys, missionnaire
jésuite passant par Evreux quelques jours après qu’il fut mort, voulut aller prier dans la chambre où il
avait rendu le dernier soupir et en baisa le pavé avec un religieux respect.
L’opinion que Boudon était allé
immédiatement jouir de la gloire
était aussi générale qu’accréditée, elle faisait toute la consolation de ses
plus chers amis. Dans les lettres qu’ils s’écrivaient mutuellement, après
qu’ils l’eurent perdu, ils se
félicitaient d’avoir dans le Ciel un protecteur dont la charité, déjà si
expansive, étant devenue parfaite, devait leur attirer les bénédictions les
plus précieuses.
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