La Nativité, fresque du monastère de l'Emmanuel, Bethléem |
Nous sommes en 1940, en
Allemagne, dans un camp de prisonniers français. Des prêtres prisonniers
demandent à Sartre, prisonnier depuis quelques mois avec eux, de rédiger une
petite méditation pour la veillée de Noël. Sartre, l’athée, accepte. Et offre à
ses condisciples ces quelques lignes magnifiques. Comment douter que la grâce
soit venue le visiter à ce moment-là.
Rembrandt, Vierge à l'Enfant |
« Vous avez le droit
d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici. Voici la Vierge, voici Joseph
et voici l’Enfant Jésus. L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin, vous le
trouverez peut-être naïf, mais écoutez. Vous n’avez qu’à fermer les yeux pour
m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.
La Vierge est pâle et elle
regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un
émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine,
car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses
entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra
le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « Mon petit » !
Mais à d’autres moments, elle
demeure toute interdite et elle pense : «Dieu est là , et elle se sent prise
d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes
les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est
leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite
avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères.
Mais aucun n’a été plus
cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse
de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère
d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je
pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la
fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le
regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma
chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la
forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ».
Et aucune femme n’a eu de la
sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses
bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un
Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je
peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de
hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher
la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids
tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.
Et Joseph.
Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la
grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne
sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un
peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il
voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du
côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et
Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de
Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même
: il adore et il est heureux d’adorer ».
Jean-Paul SARTRE
Et aujourd'hui, avec toute l'Eglise, nous chanterons le Te Deum en action de grâce pour tous les bienfaits de notre Dieu ! Recevons la grâce de son indulgence plénière (Confession, absolution, Messe et communion, prières pour le Pape et l'Eglise et Te Deum !)
Te Deum laudamus:
te Dominum confitemur.
Te aeternum patrem,
omnis terra veneratur.
te Dominum confitemur.
Te aeternum patrem,
omnis terra veneratur.
Tibi omnes angeli,
tibi caeli et universae potestates:
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant:
« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »
tibi caeli et universae potestates:
tibi cherubim et seraphim,
incessabili voce proclamant:
« Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth.
Pleni sunt caeli et terra
maiestatis gloriae tuae. »
Te gloriosus Apostolorum chorus,
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.
te prophetarum laudabilis numerus,
te martyrum candidatus laudat exercitus.
Te per orbem terrarum
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.
sancta confitetur Ecclesia,
Patrem immensae maiestatis;
venerandum tuum verum et unicum Filium;
Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.
Tu rex gloriae, Christe.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.
Tu Patris sempiternus es Filius.
Tu, ad liberandum suscepturus hominem,
non horruisti Virginis uterum.
Tu, devicto mortis aculeo,
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.
aperuisti credentibus regna caelorum.
Tu ad dexteram Dei sedes,
in gloria Patris.
Iudex crederis esse venturus.
Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni,
quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac
cum sanctis tuis in gloria numerari.
quos pretioso sanguine redemisti.
Aeterna fac
cum sanctis tuis in gloria numerari.
Salvum fac populum tuum, Domine,
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos,
et extolle illos usque in aeternum.
et benedic hereditati tuae.
Et rege eos,
et extolle illos usque in aeternum.
Per singulos dies benedicimus te;
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.
et laudamus nomen tuum in saeculum,
et in saeculum saeculi.
Dignare, Domine, die isto
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.
sine peccato nos custodire.
Miserere nostri, Domine,
miserere nostri.
Fiat misericordia tua, Domine, super nos,
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi:
non confundar in aeternum.
quemadmodum speravimus in te.
In te, Domine, speravi:
non confundar in aeternum.
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