Pèlerins vers le Saint-Sépulcre de Jérusalem |
Extraits
du 7e sermon pour le Temps du Carême par Saint Bernard de Clairvaux,
Docteur de l’Eglise
Heureux ceux qui, dans ce siècle
pervers, se conduisent en voyageurs et en étrangers, et se conservent purs de
toutes les souillures ! « D'ailleurs ce n'est point ici
qu'est notre ville permanente, nous cherchons encore celle où nous devons
habiter un jour » (Hébreux XIII, 14).
Abstenons-nous donc de tous ces désirs
charnels, comme il convient à des voyageurs et à des étrangers. En
effet, tout voyageur suit la voie royale, et ne s'écarte ni à droite ni à
gauche : s'il aperçoit sur son chemin des hommes qui se querellent, il ne
fait point attention à eux ; s'il en voit d'autres qui se marient,
qui se livrent aux plaisirs de la danse, ou qui font autre chose de semblable, il n'en continue pas moins sa route ;
il est voyageur et tout cela ne l'intéresse point. Il soupire après la
patrie, il y tend de toutes ses forces.
Notre Patrie, c'est le Ciel ! |
[…]
Qui donc peut être encore plus étranger à ce qui se passe dans le monde qu'un
voyageur ? Ce sont sans doute ceux à qui l'Apôtre s'adressait en ces
termes : « Pour vous, vous êtes morts au monde, et votre vie est cachée en Dieu
avec Jésus-Christ » (Colossiens III, 3). Il est certain qu'un voyageur peut
facilement se trouver retenu ou attardé, en cherchant ou en prenant sur ses
épaules, un peu plus de bagages qu'il ne faut ; un mort, au contraire, ne s'aperçoit même point qu'il manque de
sépulture. Pour lui, le blâme ou la louange, les compliments flatteurs ou les
paroles dénigrantes, il entend tout de la même oreille, ou plutôt il n'entend
rien, puisqu'il est mort. O mort mille fois heureuse que celle qui nous
conserve ainsi sans tache, ou plutôt qui nous rend si complètement étrangers à
ce monde […] ».
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