mardi 19 juin 2018

La Messe de Monsieur Boudon


« La Vie de M. Henri Marie Boudon, Grand Archidiacre d’Evreux », par M. ***, tome 1er

Dans la célébration actuelle (de la Messe), il prenait tout le temps nécessaire pour faire avec décence les cérémonies prescrites par l’Eglise.
Il laissait à d’autres le talent de courir, d’anticiper, de manger les mots. Il les prononçait tous distinctement, posément, dévotement.

Au Canon, où la mémoire n’aide que trop la volubilité naturelle, il entrait dans un recueillement si profond qu’il paraissait alors plus différent de lui-même qu’il ne l’était des autres hommes dans tout le cours de cette grande action

A l’une et l’autre élévation, on voyait son visage enflammé, ses yeux étincelants, tout l’homme extérieur si transformé en un autre homme que, placé par miracle sur le Calvaire où le Sauveur s’immola la première fois, il n’eût changé ni de sentiments ni d’attitude.

Bréviaire de Besançon, procession de la Fête-Dieu
Au sortir de l’Autel, il donnait encore un temps considérable à son bien-aimé, Il se perdait dans le sein de son amour, il s’unissait intimement à lui, il le priait avec instance pour les besoins de l’Eglise et de l’Etat. Rien n’échappait à l’étendue de sa charité, parce que rien n’a échappé à l’étendue de la charité de ce Prêtre éternel qu’il se proposait pour modèle.

Il était si fidèle à célébrer tous les jours avec la même dévotion qu’un Officier d’un grand Prince, l’ayant une fois prié de n’être pas plus long à sa Messe que les Aumôniers de son Altesse, il lui répondit avec une sainte et noble fermeté : « Vous pouvez compter, Monsieur, que je ferai ce que je dois faire. Je parlerai à mon Dieu à mon ordinaire, avec toute la vénération, toute l’attention possible, et je n’en prononcerai pas une parole plus vite. »


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