Le Pape Benoît XVI vénérant la sainte Couronne d'épines avant de présider les Vêpres. Cathédrale Notre-Dame de Paris, le 12 septembre 2008 |
Homélie du Couronnement d’épines,
le 15 février 2013,
prononcée en l’église du Lithostrotos (lieu-dit du dallage où Jésus fut outragé) par Sa Béatitude
Mgr. Fouad Twal
le 15 février 2013,
prononcée en l’église du Lithostrotos (lieu-dit du dallage où Jésus fut outragé) par Sa Béatitude
Mgr. Fouad Twal
Chères communautés des Sœurs de Sion et du Chemin Neuf,
Chers frères et Sœurs,
1. Nous
voici réunis au début du Carême, deux
jours après le mercredi des Cendres comme il est de tradition à Jérusalem, dans
la Basilique du couvent de l’Ecce Homo. Nous commémorons le couronnement d’épines
de Jésus-Christ. Nous commençons cette période du Carême qui, en quarante
jours, va nous conduire à Pâques. Dans
un élan d’amour que nous ne saisirons jamais parfaitement, Jésus, le Fils
de Dieu, a livré sa vie pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Aujourd’hui, nous pouvons partir de l’évangile pour contempler, méditer, rentrer à l’intérieur du troisième mystère
douloureux, avec le treizième mystère du rosaire : le couronnement d’épines.
2. Jésus a été couronné d’épines, Jésus a été
injurié, humilié, soumis à la dérision, à la moquerie générale, aux rires et à
toutes les formes possibles d’humiliation publique et d’humiliation
intime : voilà ce qui est stigmatisé dans ce troisième mystère. Jésus a
souffert dans son corps, dans son cœur. C’est à Gethsémani d’ailleurs que
le « trouble » pénètrera le
plus son âme sainte.
Avec la couronne d’épines, avec ce qui la
précède, et ce qui la suit, avec tout ce qui arrache au Christ des larmes et
des cris, Dieu le Père souffre avec son Fils.
Ce sacrifice nous révèle l’amour du Père qui est prêt à donner jusqu’à la vie
de son Fils, pour sauver la vie de chacun de nous, qui sommes ce que nous
sommes. A travers les souffrances de Jésus, il nous dit « Je vous aime ». L’amour de Jésus-Christ est plus fort que la
souffrance que lui inflige l’humanité. Cet amour lui confère sa vraie Royauté.
Ces épines entourent le front du Rédempteur d’une couronne de gloire, parce
que cette couronne, celle-là, et nulle autre, Jésus l’a acceptée par
amour. Jésus a voulu la royauté de l’amour. Et elle n’est pas de
ce monde.
Van der Weyden, le Christ aux outrages |
3. En
tant que chrétiens, nous sommes appelés
à porter nous aussi notre couronne d’épines, c’est-à-dire accepter de souffrir
à cause du Christ et de communier à ses souffrances (1 P 1, 21). Jésus a
dit que celui qui veut le suivre doit porter
sa croix (Luc 9, 23). Devenir disciple de Jésus, non seulement en
le suivant, mais en portant aussi dans sa chair « ce qui manque encore aux souffrances du Christ » (Col 1, 24).
Ici, en Terre Sainte et dans le Proche-Orient
en général, nous sommes nous aussi étouffés par les épines de la guerre, des
violences, de l’extrémisme, de l’instabilité, de l’émigration, de l’injustice.
Ici en Terre Sainte, Jésus continue de souffrir lorsque les croyants sont
divisés, lorsque l’injustice règne, lorsque les migrants sont maltraités et les
réfugiés toujours plus nombreux.
Nous portons une couronne de barbelés, une tunique de béton et de
graffitis. Et nous
chrétiens, formons encore une Église du Calvaire dont la Via Crucis ne s’est pas encore achevée.
Pour nous, essayer de vivre en disciples du
Christ sur la Terre du Salut, c’est accepter de prendre sur nous, tel Simon de
Cyrène, une part de la croix de Jésus. C’est accepter de prendre sur nous,
descendants indignes de Véronique, une part des crachats qui salissaient la
face du Seigneur. En chacun de nous vit encore un Simon de Cyrène et une belle
Véronique qui osent encore tendre la main au prochain. Je suis fier de notre
Eglise en Jordanie en constatant les miracles que fait la
Caritas-Jordanie, en faveur des centaines des milliers des réfugiés Syriens.
4.
Il
ne nous est pas permis de perdre pas la foi et l’espérance. Notre vocation est entre le calvaire et
l’espérance. Et « l’espérance ne
déçoit jamais » (Rm 5, 5). Nous devons porter fièrement cette couronne qui est l’identité de notre
vocation, et qui nous
associe à la passion du Christ. Elle
implique la vocation de la conversion personnelle des cœurs, pour que le vieil
homme meure. Elle implique de la souffrance qui purifie le cœur et les
sentiments ; plus l’amour s’élargit, plus il accepte la douleur comme
compagne. Mais le regard sur le crucifié
donne la force, la patience, l’obéissance parfois jusqu’à l’humiliation, au
mépris de la dignité humaine, ou jusqu’à la mort. N’oublions pas que le Maître
est aussi passé par là et il a pardonné. Il a vaincu.
Les instruments de la Passion |
5. Nous
savons que seul Jésus, étant passé par les tribulations et la mort pour
ressusciter, peut apporter le salut et la paix à tous les habitants de cette
région du monde (cf. Ac 2, 23-24. 32-33). C’est lui seul, le Christ,
le Fils de Dieu, que nous proclamons ! Repentons-nous donc et convertissons-nous « afin
que les péchés soient effacés et qu’ainsi
le Seigneur fasse venir le temps du répit » (Ac 3, 19-20a).
6. Nous
portons cette couronne, dans l’espoir d’avoir un jour la joie de vivre dans le
Royaume des Cieux. La couronne d’épines
se changera en couronne de gloire.
N’oublions pas que nous sommes co-héritiers
avec Jésus et qu’il va partager sa gloire avec nous par l’entremise du
Saint Esprit qui nous couronne de la grâce de Dieu, une couronne glorieuse
offerte par un Dieu bon et miséricordieux, une couronne incorruptible qui
durera éternellement (1 P 5, 4 et Jc 1,12).
Dans ce
carême, apprenons à nous unir en prière, en amour à la personne du Christ et à
tous les êtres humains qui souffrent ; apprenons à méditer les signes de
la Passion qu’il a subie pour nous. Marie qui a accompagné Jésus dans ce
couronnement de la passion nous indique que le chapelet est aussi une
couronne : une couronne de prières.
Chers Frères et Sœurs, que Marie nous guide
et nous garde tout au long de ce Carême, jusqu’au saint Jour de Pâques. Amen.
‡ Fouad Twal, Patriarche
Chapelle Sainte-Hélène du Saint Sépulcre de Jérusalem. La Tiare et la Couronne d'épines. La Croix de Jérusalem représente les 5 plaies douloureuses et glorieuses de Notre Seigneur. |
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