samedi 31 août 2013

31 août - Naissance au Ciel du vénérable abbé Henri-Marie Boudon, notre fondateur

Le Ciel, coupole de la Cathédrale de Parme

« Vie de Monsieur Boudon », grand Archidiacre d’Evreux, Livre II, chap. 45, par Pierre Collet

Il récita son office jusqu’au samedi qui précéda le jour de sa mort. Pour y supplée en quelque sorte, et s’armer pour le combat des derniers moments, il se fit apporter les reliques de quelques saints qu’il avait toujours spécialement honorés. Et comme, au sortir d’une grande faiblesse, il eut aperçu que sa chambre était pleine de monde, il adressa à un ecclésiastique, qui était auprès de lui, ces paroles qu’il ne pouvait faire entendre à la compagnie :
« Dites à ces messieurs que je les exhorte de tout mon cœur à servir et à aimer Dieu de toutes leurs forces, et que dans la région de Dieu seul où je vais, on reconnaît, et souvent trop tard, qu’il n’y avait que cela à faire dans le monde. »

Enfin, comme on lui eut demandé s’il n’avait besoin de rien : « Non », répondit-il, « je ne veux plus que Dieu seul, tout seul» Ce furent ces dernières paroles.

Un moment après il expira, le jeudi, dernier jour d’août, sur le midi. Il était dans la 79e année de son âge.


Dès que le bruit se fut répandu, on vit tout Evreux fondre dans sa maison, comme pour réparer par un hommage volontaire le peu d’égards qu’on avait eu pour lui dans le temps de sa persécution.

Les grands, aussi bien que les petits, révérèrent comme un saint cet homme que la calomnie leur avait fait regarder comme un malheureux, indigne de vivre. C’était à qui lui baiserait les pieds et les mains, et qui pourrait se saisir de quelque chose qui lui eût appartenu, à qui lui ferait toucher des linges et des chapelets. On ne se laissait point de voir ce corps, qui était le temple de l’Esprit Saint, et qui, à peu près comme celui de saint Paul, portait encore les glorieuses marques de Jésus-Christ. Enfin le concours du peuple, qui venait à flots dans sa chambre, fut si grand, qu’il fallut en laisser la porte ouverte jusqu’à onze heures du soir.

Chapelle des Saints-Anges parée pour la Messe solennelle en l'honneur
de Notre-Dame des Anges du 2 août dernier
Il y eut les chanoines de la Cathédrale et les directeurs du Séminaire une pieuse contestation à qui aurait son corps.
Saint François de Sales
Visitation de Bourg-en-Bresse
Ceux-ci devaient leur établissement à ses instances ; et d’ailleurs il les avait prié par son testament de l’enterrer sous les degrés du grand portail de leur église. Ceux-là l’avaient vu occuper pendant plus de 45 ans une des premières dignités de leur Cathédrale. C’était des droits de part et d’autre, et la cupidité n’y entrait pour rien. Jacques Potier de Novion, qui pour lors était Évêque d’Evreux, termina le différend : il adjugea le corps au chapitre, et le cœur au Séminaire.

Les obsèques du défunt se firent le lendemain avec toute la solennité possible. Il fut enterré dans la chapelle des Saints-Anges, au pied de ce même autel où depuis tant d’années il célébrait si religieusement les divins mystères.

Pour ce qui est de son cœur, il fut placé à côté de la chapelle de Saint-François de Sales (la chapelle de Séminaire qui est actuellement la cour d’assise), dans un lieu élevé, d’où il semble encore annoncé, et aux jeunes ecclésiastiques qui se forment dans cette maison, et aux fidèles qui vont y prier, qu’il n’y a que Dieu seul qui mérite d’être et servi et d’être aimé.

On y a depuis quelques années mis cette inscription (S.Exc.R. Mgr. Bourlier, Évêque d'Evreux, le 6 juillet 1812) :

J.M.J
SOLI DEO.
Hic quiescit
Cor
Venerabilis sacerdotis Henrici Maria
BOUDON,
Doctoris Theologi, Archidiaconi Ebroicencis.
Cor
Jesu et Mariæ immaculatae, et SS. Angelis 
devotissimum.
In variis tribulationibus patientissimum,
In caritate perfectum,
Pretiosum depositum,
Huic Templo sacratissimo Cordi dicato,
Legavit moriens vir juxta cor Dei.
Cui semper in mente, in ore, in scriptis,
Solus Deus, solus Deus, solus Deus.
Obiit pridie kalendas Septembris anno
MDCCII Ætalis LLXIX.


Armoiries de S.Exc.R. Mgr Jean Baptiste Bourlier
Évêque d'Evreux
J(ésus). M(arie). J(oseph)
DIEU SEUL.
Ici repose
le Cœur
du Vénérable prêtre Henri Marie
BOUDON,
Docteur en Théologie, Archidiacre d'Evreux.
Dévôt des Cœurs de Jésus et de Marie immaculée et des Saints Anges.
Patient en toutes ses tribulations,
parfait en charité,
a légué un précieux dépôt,
en mourant selon le Cœur de Dieu,
son cœur à ce temple dédié au Très Sacré Cœur.
"Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul"
était toujours dans ses pensées, sa bouche et ses écrits.
Il mourut la veille des Calendes de Septembre,
l'an 1702, âgé de 79 ans



Cœur de Monsieur BOUDON,
en qui l'amour Divin à
triomphé par la Croix.

Les saints Évêques d'Evreux, panneau de bois peint dans la sacristie de la Cathédrale.

Requiescat in pace



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