Le 15 juin 1667, le vénérable abbé Henri Marie Boudon, grand Archidiacre , fonde le 1er Séminaire du Diocèse d'Evreux et le confie aux Pères Eudistes, fondés récemment par saint Jean Eudes en qui il a toute confiance.
A cause d'une campagne de diffamation organisée par ses ennemis, M. Boudon est chassé de sa fondation. Même son Evêque, Mgr de Maupas, doutant de son cher Archidiacre, voudrait le démettre de ses fonctions.
M. Boudon confiera, après le rétablissement de la vérité : "C'est le Père Eudes qui me fait le plus de tort, ce fut la plus pénible de mes croix".
Ne doutons pas que, maintenant réunis au Ciel, ils sont dans la joie. Et M. Boudon n'étant pas rancunier mais doux et humble comme son Seigneur, nous ne le serons pas non plus envers saint Jean. Que M. Eudes prie pour nous et le Diocèse d'Evreux afin qu'il ait de nombreuses et saintes vocations sacerdotales.
Eglise Saint-Sulpice, Fougères, le Sacré-Coeur de Jésus entouré par les Anges |
Sa Sainteté le Pape Benoit XVI, Angelus du 19 août 2009
Chers frères et sœurs ;
C'est aujourd'hui la mémoire liturgique de saint Jean Eudes, apôtre inlassable de la
dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, qui vécut en France à la fin
du XVIIe siècle, un siècle marqué par des courants religieux opposés et
également par de graves problèmes politiques. C'est l'époque de la guerre de
Trente ans, qui a non seulement dévasté une grande partie du centre de
l'Europe, mais qui a également dévasté les âmes.
Pendant
que se diffusait le mépris pour la foi chrétienne de la part de certains courants
de pensée alors dominants, l'Esprit Saint suscitait un renouveau spirituel
plein de ferveur, avec des personnalités de grande envergure comme de Bérulle,
saint Vincent de Paul, saint Louis M. Grignion de Montfort et saint Jean Eudes. Cette
grande « école française » de sainteté porta parmi ses fruits également saint
Jean-Marie Vianney. Par un mystérieux dessein de la providence, mon vénéré
prédécesseur Pie IX proclama saints ensemble, le 31 mai 1925, Jean Eudes et le
curé d'Ars, offrant à l'Eglise et au monde entier deux exemples extraordinaires
de sainteté sacerdotale.
Dans le contexte de l'Année sacerdotale, j'ai à
cœur de m'arrêter pour souligner le zèle
apostolique de saint Jean Eudes, particulièrement tourné vers la formation du clergé diocésain. Les
saints sont la véritable interprétation de l'Ecriture Sainte. Les saints ont
éprouvé, dans l'expérience de leur vie, la vérité de l'Evangile ; ainsi, ils
nous introduisent dans la connaissance et la compréhension de l'Evangile. Le
Concile de Trente, en 1563, avait promulgué des normes pour l'érection des
séminaires diocésains et pour la formation des prêtres, dans la mesure où le
Concile était tout à fait conscient que toute la crise de la réforme était
également conditionnée par une formation insuffisante des prêtres, qui
n'étaient pas préparés pour le sacerdoce de manière juste, intellectuellement
et spirituellement, dans leur cœur et dans leur âme.
Le démon semant l'ivraie dans le champ de l'Eglise. Il nous faut beaucoup de saints Prêtres, bien formés et pieux pour désherber ! |
Cela eut lieu en 1563 ; mais comme l'application et la réalisation des normes
tardaient aussi bien en Allemagne qu'en France, saint Jean Eudes
comprit les conséquences de ce retard. Animé par la conscience lucide du
grave besoin d'aide spirituelle, dont les âmes étaient victimes également en
raison du manque de préparation d'une grande partie du clergé, le saint, qui était un curé, institua une
Congrégation consacrée de manière spécifique à la formation des prêtres.
Dans la ville universitaire de Caen, il
fonda son premier séminaire, une expérience extrêmement appréciée, qui se
diffusa bientôt largement dans d'autres diocèses. Le chemin de sainteté, qu'il
parcourut et qu'il proposa à ses disciples, avait pour fondement une solide confiance dans l'amour que Dieu
a révélé à l'humanité dans le Cœur sacerdotal du Christ et dans le Cœur
maternel de Marie.
A cette époque de cruauté, de perte
d'intériorité, il s'adressa au cœur, pour dire au cœur une parole des Psaumes
très bien interprétée par saint Augustin. Il
voulait attirer à nouveau au cœur les personnes, les hommes et surtout les
futurs prêtres, en montrant le cœur sacerdotal du Christ et le cœur maternel de
Marie. Chaque prêtre doit être témoin et apôtre de cet amour du cœur du Christ
et de Marie. Et nous arrivons ici à notre époque.
Aujourd'hui aussi, on ressent le besoin que les prêtres témoignent de l'infinie
miséricorde de Dieu à travers une vie entièrement « conquise » par le Christ,
et apprennent cela dès les années de leur préparation dans les séminaires.
Après le Synode de 1990, le pape Jean-Paul II a publié l'Exhortation
apostolique Pastores dabo
vobis dans laquelle il
reprend et met à jour les normes du Concile de Trente et souligne en
particulier la nécessaire continuité entre le moment initial et le moment
permanent de la formation ; pour lui, pour nous, cela est un véritable point de
départ pour une authentique réforme de
la vie et de l'apostolat des prêtres, et c'est également le point central afin
que la « nouvelle évangélisation » ne soit pas simplement un slogan attrayant,
mais se traduise en réalité. Les fondements placés dans la formation du séminaire,
constituent l'« humus spirituel » irremplaçable,
dans lequel on peut « apprendre le Christ » en se laissant progressivement
configurer à Lui, unique prêtre suprême et bon pasteur.
Le temps du séminaire doit donc être considéré
comme la réalisation du moment où le Seigneur Jésus, après avoir appelé les
apôtres et avant de les envoyer prêcher, leur demande de rester avec Lui (cf.
Mc 3, 14). Lorsque saint Marc raconte la vocation des douze apôtres, il nous
dit que Jésus avait un double objectif :
le premier était qu'ils soient avec Lui, le second qu'ils soient envoyés
pour prêcher. Mais, allant toujours avec Lui, ils annoncent réellement le
Christ et apportent la réalité de l'Evangile au monde.
Au cours de cette année sacerdotale, je vous
invite à prier, chers frères et sœurs, pour les prêtres et pour tous ceux qui
se préparent à recevoir le don extraordinaire du sacerdoce ministériel.
J'adresse à tous, en concluant, l'exhortation de saint Jean Eudes qui dit aux
prêtres : « Donnez-vous à Jésus, pour entrer dans l'immensité de son grand Cœur,
qui contient le Cœur de sa Sainte Mère et de tous les saints, et pour vous
perdre dans cet abîme d'amour, de charité, de miséricorde, d'humilité, de
pureté, de patience, de soumission et de sainteté » (Cœur admirable, III, 2).
Au terme de l'audience
générale, le pape a adressé la salutation suivante en français :
Je suis heureux de vous saluer, chers amis de
langue française, en ce jour où l'Eglise fait mémoire de saint Jean Eudes, qui
fut un modèle de sainteté sacerdotale.
Le chemin de sainteté qu'il suivit et qu'il proposa à ses disciples avait comme
fondement une solide confiance en l'amour
que Dieu a révélé à l'humanité dans le cœur sacerdotal du Christ et dans le
cœur maternel de Marie.
Je vous
invite à prier pour que les prêtres d'aujourd'hui, à l'exemple de saint Jean
Eudes, soient aussi des témoins ardents de cet amour à travers leur vie et leur
ministère, afin que le Peuple de Dieu tout entier puisse en bénéficier. Avec ma
Bénédiction apostolique !
Dans vos blessures, cachez-moi |
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