samedi 9 novembre 2013

Dédicace de l'Archibasilique papale du Latran - Cathédrale de Notre Saint-Père le Pape

Dédicace du Latran
Lorsqu’en 313 Constantin rendit la paix à l’Église, il dota celle-ci avec une munificence impériale. Partout surgissaient de somptueuses basiliques : en Terre sainte, au Mont des Oliviers, au Saint-Sépulcre, à Bethléem, à Antioche, à Constantinople…
Rome surtout bénéficia de ses largesses : Sainte-Croix de Jérusalem, Sainte-Marie-Majeure, les Saints-Apôtres, Saint-Paul-hors-les-murs, Saint-Laurent-hors-les-murs, Saint-Pierre les proclament à l’envie. Une pourtant éminemment, somptueuse entre toutes : la donation du Latran au pape Miltiade (+314).
Édifié sur le plan des luxueuses demeures patriciennes, le vaste palais des « Laterani » dominait de ses constructions et de sa basilique les flancs du Cœlius à l’intérieur de la cité.
Le jour où S. Sylvestre (+337) dressa sa chaire, « le saint siège apostolique » au fond de l’abside de la basilique constantinienne, il fit du Latran le centre de l’enseignement et du gouvernement de l’Église. En y consacrant son autel (324) il en fit le foyer de la liturgie catholique. Comme l’enseignait le Pape Pie XI lors du XVIème centenaire de cette dédicace (9 novembre 1924) : « Basilicam... effectam esse Pontificis, ut Episcopi Romani et œcumenici, ut heredis integrae apostolicae potestatis, Cathedralem Eccesiam ». Elle est la cathédrale de l’Évêque de Rome, l’église œcuménique de la catholicité. 


Successivement, les Pontifes Romains agrandirent et enrichirent leur résidence en y construisant leurs oratoires, baptistères, cloîtres, bibliothèques, hospices et galeries.

Tour à tour détruite par les Vandales de Genséric et reconstruite par S. Léon le Grand (+461) et Adrien I (+795) ; ruinée par les Normands et rebâtie par Serge III (+911) ; incendiée une première fois en 1308 et réédifiée par Clément V (+1314) ; incendiée à nouveau en 1360 et reconstruite par Urbain V (+ 1370) et Grégoire XI (+1378).
La Cathédrale des Papes reçut la translation des chefs de S. Pierre et de S. Paul dans le ciborium qui surmonte l’autel papal ; la nouvelle consécration de l’église fut célébrée en l’honneur de S. Jean-Baptiste par Serge III (+911) et la dédicace complémentaire à S. Jean l’Évangéliste par Lucius II (+1145). Par une solennité spéciale la liturgie a perpétué le souvenir de la première consécration de l’Archibasilique. Chaque année, en effet, le 9 novembre, l’Église universelle célèbre cet événement capital : « Dedicatio Archibasilicae S. Salvatoris », fête pour toute l’Eglise.

Cinq Conciles œcuméniques (1123 - 1139 - 1179 - 1215 - 1512) se réunirent dans ses murs. Le départ de Clément V pour Avignon en 1307 arrête brusquement cette ère glorieuse. Le long séjour des papes en France (1307-1377) laissa leur palais désert.
Transportée dans des cadres nouveaux, la liturgie pontificale dut s’adapter à leurs exigences. Désormais, c’est dans les chapelles du palais avignonnais que Clément V et ses successeurs célèbrent les fonctions sacrées. Par une conséquence toute naturelle, la liturgie papale évolue en liturgie de cour. Le terme si caractéristique de « chapelles pontificales palatines » désigna non seulement les oratoires du palais construits par les papes, mais aussi, et surtout, les fonctions liturgiques que les souverains pontifes y célébraient. Ce cérémonial liturgique finit par se cristalliser dans des formes traditionnelles.


La Chaire de Saint-Pierre
De plus, à leur retour à Rome (1377), les papes ne s’établissent plus au Latran. C’est le palais du Vatican en hiver, celui du Quirinal en été, qui deviennent les résidences pontificales habituelles.
Déjà, lors de son retour éphémère, dans la ville, Urbain V (+1370) avait habité le Vatican. De ce chef, l’importance de la basilique de Saint-Pierre allait s’affirmer grandissante. Sans doute, la sollicitude de Martin V (+1431) et d’Eugène IV (+1447) pour le Latran se dépense en d’importants travaux de restauration. Mais l’attention des Papes se concentre de plus en plus sur la basilique vaticane. Nicolas V (+1455) résolut de reconstruire de fond en comble l’ancienne basilique. En 1452, il donna ordre d’attaquer les travaux. Brusquement, la mort du Pape arrêta l’entreprise.
Ce n’est que cinquante ans plus tard que celle-ci fut reprise : en 1506, Jules II, en présence de trente-cinq cardinaux, procéda à la pose de la première pierre. Sous la vigoureuse impulsion de ce pape (+1513), de son successeur Léon X (+1521), et plus tard de Paul V (+1621), les efforts combinés du Bramante (+1514) et de Raphaël (+1516) dressèrent la fameuse Basilique que Michel-Ange (+1564) recouvrit d’une coupole, et qu’achevèrent Maderna (+1629) et le Bernin (+1680). Et pourtant, malgré tant de travaux et d’embellissements qui firent de la basilique vaticane l’église la plus vaste et la plus somptueuse du monde, l’Archibasilique du Latran garda intangibles les droits de la primauté.

Celle-ci s’avère spécialement dans une cérémonie solennelle entre toutes, inaugurale de chaque règne et demeurée traditionnelle depuis le moyen âge jusqu’à Pie IX (+1878) : la prise de possession du Latran par les papes. Ce cérémonial mérite qu’on le considère.
Immédiatement après leur couronnement, c’est à leur cathédrale que les papes réservaient leur première visite.
Quelle que soit l’antiquité de cette cérémonie qui remonte à Etienne III (+757) selon les uns, à Léon II (+816) selon les autres, il est certain que dès le XIIème siècle elle ouvrait chaque nouveau pontificat. Le faste déployé à cette occasion par les papes du XIIIème siècle jusqu’à Boniface VIII (+1303) était resté célèbre. Sans doute, le séjour à Avignon avait interrompu cette coutume pendant soixante-dix ans. Mais, en 1377, Grégoire XI, rentré à Rome, renoua aussitôt les traditions. 
Jusque-là, la prise de possession du Latran était le complément même du rite du couronnement. Jules II, couronné le 26 novembre 1503, fut le premier pontife qui dissocia les deux cérémonies.

Clément XII (+1740) rendit à la primauté latérane un éclatant témoignage en gravant au frontispice de l’Archibasilique la célèbre inscription : « Omnium Ecclesiarum Urbis et Orbis Mater et Caput », « Église-Mère et Maîtresse de toutes les Églises de Rome et de l’Univers ».
Pie IX, qui prit possession du Latran en 1846, fut avant la prise de Rome, le dernier pape qui accomplit cette cérémonie. Lui aussi fit exécuter au Latran d’importants travaux. Il restaura la confession, l’autel papal et le baldaquin. Mais, depuis 1870, par suite de la situation violente créée au Saint-Siège, le pape se trouvait relégué loin de son autel.
La Cathèdre du Souverain Pontife, Evêque de Rome
Léon XIII (+1903), prisonnier au Vatican, ne put prendre possession de sa cathédrale : la tradition liturgique plus de huit fois séculaire se trouvait interrompue.

Depuis la prise de Rome, le siège pontifical dressé au fond de l’abside latérane demeurait vide, l’autel papal restait désert. Depuis 1870, la messe n’avait plus été célébrée au maître-autel de l’Archibasilique, où seul le Pape a le droit de monter.

Il fallut attendre les accords dits, du Latran, pour que le Pape Pie XI, Souverain reconnu de la Cité vaticane, recouvre sa liberté.
C’est en l’Archibasilique du Latran qu’Achille Ratti, le 20 décembre 1879, reçut l’ordination sacerdotale. Cinquante ans plus tard, pour célébrer ses noces d’or sacerdotales, il y rentra en Pape et Souverain indépendant. Après 59 ans d’interruption, renouant les traditions séculaires, Pie XI reprit possession du siège apostolique et célébra « sa première messe » pontificale à l’autel du Latran.






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