Saint Alphonse-Marie de Liguori
« Considérations sur la Passion de Jésus-Christ »
« Considérations sur la Passion de Jésus-Christ »
Chap.2, IV, Les souffrances
de Jésus-Christ ont été extrêmes
Saint Ambroise, parlant de la passion du Sauveur, dit que ses souffrances ne peuvent être
égalées. Les Saints ont tâché d'imiter Jésus-Christ dans
ses souffrances pour se rendre semblables à lui; mais, y en a-t-il un seul
qui soit parvenu à l'égaler?
Il est
certain que Notre-Seigneur a souffert plus que tous les pénitents, tous
les anachorètes, et tous les Martyrs; car Dieu l'a chargé de satisfaire
rigoureusement à sa justice pour tous les péchés des hommes,
et conséquemment, comme le dit saint Pierre, Jésus porta sur la croix
le fardeau de toutes nos iniquités, pour en subir la peine dans son
corps adorable (1 P 2, 24).
…Quand on lit les Actes des Martyres, il semble que quelques-uns
d'entre eux ont plus souffert que Jésus-Christ; mais saint Bonaventure dit
que les douleurs d'aucun Martyr n'ont jamais pu égaler en vivacité celles
de notre Sauveur, qui furent les plus aiguës de toutes les douleurs.
Saint Thomas assure pareillement que la douleur sensible qui
affligea Jésus-Christ fut la plus grande que l'on puisse endurer dans la
vie présente. Selon saint Laurent Justinien, dans chaque tourment que
Notre-Seigneur eut à subir, si l'on considère la vivacité et l'intensité
de la douleur, il souffrit tous les
supplices des Martyrs. Tout cela d'ailleurs a été prédit en peu de mots
par le Roi David lorsque, parlant à Dieu au nom du Messie, il
s'écriait : "Sur moi pèse
ta colère; ... tes épouvantes m'ont réduit à rien" (Ps 87,
8.17), ce qui signifie que toute la colère de Dieu excitée par nos péchés
est venue retomber sur la personne du Sauveur. On entend dans le même sens
ce que l'Apôtre dit: "Il est
devenu malédiction pour nous" (Ga 3, 13). Jésus devint la malédiction, c'est-à-dire l'objet de toutes les
malédictions que méritent les pécheurs.
Ecce Homo, voici l'Homme. |
Chap. 3, I, la flagellation
Saint Paul dit que Jésus-Christ s'est abaissé jusqu'à prendre la
forme de serviteur (Ph 2, 7). Sur ce texte, saint Bernard fait la
réflexion suivante : "Notre
divin Rédempteur, qui est le Maître de l'univers, ne s'est pas contenté de
prendre la condition de serviteur; il a voulu paraître mauvais serviteur,
et d'expier ainsi nos fautes".
Il est certain que la
flagellation fut le plus cruel des tourments que notre Sauveur eut à
souffrir et celui qui abrégea le plus sa vie; car la principale cause de
sa mort, ce fut la perte de son sang, qu'il devait répandre jusqu'à
la dernière goutte selon ce qu'il avait prédit (Mt 26, 28).
Ce précieux
Sang, il est vrai, avait déjà coulé dans le jardin des Olives; il coula
encore dans le couronnement d'épines et le crucifiement; mais la plus
grande partie en fut répandue dans la flagellation.
En outre, ce supplice fut extrêmement humiliant pour Jésus Christ,
parce qu'il n'était infligé qu'aux esclaves, conformément à la loi
romaine. C'est pourquoi les tyrans, après avoir prononcé leur sentence
contre les Martyrs, ordonnaient qu'ils fussent flagellés avant d'être mis
à mort; mais Notre-Seigneur fut flagellé avant sa condamnation. Il avait prédit pendant sa vie, à ses
disciples en particulier, qu'il subirait cette peine ignominieuse (Lc
18, 32), et il leur donnait à entendre combien elle devait être
douloureuse pour lui.
Il a été révélé à sainte Brigitte qu'un de ses bourreaux ordonna d'abord à Jésus de se dépouiller
lui-même de ses vêtements; il obéit et embrassa ensuite la colonne, où il
fut lié; on le flagella si cruellement que son corps fut tout déchiré.
La révélation ne dit pas simplement qu'on frappait, mais qu'on sillonnait
ses chairs sacrées.
Les coups portèrent jusque sur la poitrine, au point que les
côtes furent mises à découvert. Tout cela est conforme à ce que dit saint
Jérôme, ainsi que saint Pierre Damien qui assure que les bourreaux
frappèrent Notre-Seigneur jusqu'à ce que les forces leur manquèrent. Isaïe
avait tout prédit par un mot : "Il sera brisé (ou broyé) à cause des
fautes des autres" (Is 53, 5).
Me voici,
mon Jésus ! je suis un de vos plus cruels bourreaux; je vous ai flagellé
par mes péchés: ayez pitié de moi. Ô mon aimable Sauveur, c'est peu
d'un cœur pour vous aimer. Je ne veux plus vivre pour moi-même, mais pour
vous seul, mon Amour, mon Tout ! Je vous dirai donc avec sainte Catherine
de Gênes : "Ô Amour ! ô Amour ! plus de péchés !"
Oui, mon Jésus ! je vous ai offensé; maintenant, j'ai la confiance que je suis à vous et,
moyennant votre grâce, je veux être à vous pour toujours, pour toute
l'éternité.
Juan Carlo, la flagellation. |
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