dimanche 23 mars 2014

3e Dimanche de Carême


Saint Alphonse-Marie de Liguori
« Considérations sur la Passion de Jésus-Christ »


Chap.2, IV, Les souffrances de Jésus-Christ ont été extrêmes 

Saint Ambroise, parlant de la passion du Sauveur, dit que ses souffrances ne peuvent être égalées. Les Saints ont tâché d'imiter Jésus-Christ dans ses souffrances pour se rendre semblables à lui; mais, y en a-t-il un seul qui soit parvenu à l'égaler?

Il est certain que Notre-Seigneur a souffert plus que tous les pénitents, tous les anachorètes, et tous les Martyrs; car Dieu l'a chargé de satisfaire rigoureusement à sa justice pour tous les péchés des hommes, et conséquemment, comme le dit saint Pierre, Jésus porta sur la croix le fardeau de toutes nos iniquités, pour en subir la peine dans son corps adorable (1 P 2, 24).

…Quand on lit les Actes des Martyres, il semble que quelques-uns d'entre eux ont plus souffert que Jésus-Christ; mais saint Bonaventure dit que les douleurs d'aucun Martyr n'ont jamais pu égaler en vivacité celles de notre Sauveur, qui furent les plus aiguës de toutes les douleurs.

Saint Thomas assure pareillement que la douleur sensible qui affligea Jésus-Christ fut la plus grande que l'on puisse endurer dans la vie présente. Selon saint Laurent Justinien, dans chaque tourment que Notre-Seigneur eut à subir, si l'on considère la vivacité et l'intensité de la douleur, il souffrit tous les supplices des Martyrs. Tout cela d'ailleurs a été prédit en peu de mots par le Roi David lorsque, parlant à Dieu au nom du Messie, il s'écriait : "Sur moi pèse ta colère; ... tes épouvantes m'ont réduit à rien" (Ps 87, 8.17), ce qui signifie que toute la colère de Dieu excitée par nos péchés est venue retomber sur la personne du Sauveur. On entend dans le même sens ce que l'Apôtre dit: "Il est devenu malédiction pour nous" (Ga 3, 13). Jésus devint la malédiction, c'est-à-dire l'objet de toutes les malédictions que méritent les pécheurs.

Ecce Homo, voici l'Homme.
Chap. 3, I, la flagellation

Saint Paul dit que Jésus-Christ s'est abaissé jusqu'à prendre la forme de serviteur (Ph 2, 7). Sur ce texte, saint Bernard fait la réflexion suivante : "Notre divin Rédempteur, qui est le Maître de l'univers, ne s'est pas contenté de prendre la condition de serviteur; il a voulu paraître mauvais serviteur, et d'expier ainsi nos fautes".

Il est certain que la flagellation fut le plus cruel des tourments que notre Sauveur eut à souffrir et celui qui abrégea le plus sa vie; car la principale cause de sa mort, ce fut la perte de son sang, qu'il devait répandre jusqu'à la dernière goutte selon ce qu'il avait prédit (Mt 26, 28).

Ce précieux Sang, il est vrai, avait déjà coulé dans le jardin des Olives; il coula encore dans le couronnement d'épines et le crucifiement; mais la plus grande partie en fut répandue dans la flagellation.

En outre, ce supplice fut extrêmement humiliant pour Jésus Christ, parce qu'il n'était infligé qu'aux esclaves, conformément à la loi romaine. C'est pourquoi les tyrans, après avoir prononcé leur sentence contre les Martyrs, ordonnaient qu'ils fussent flagellés avant d'être mis à mort; mais Notre-Seigneur fut flagellé avant sa condamnation. Il avait prédit pendant sa vie, à ses disciples en particulier, qu'il subirait cette peine ignominieuse (Lc 18, 32), et il leur donnait à entendre combien elle devait être douloureuse pour lui.

Il a été révélé à sainte Brigitte qu'un de ses bourreaux ordonna d'abord à Jésus de se dépouiller lui-même de ses vêtements; il obéit et embrassa ensuite la colonne, où il fut lié; on le flagella si cruellement que son corps fut tout déchiré. La révélation ne dit pas simplement qu'on frappait, mais qu'on sillonnait ses chairs sacrées.

Les coups portèrent jusque sur la poitrine, au point que les côtes furent mises à découvert. Tout cela est conforme à ce que dit saint Jérôme, ainsi que saint Pierre Damien qui assure que les bourreaux frappèrent Notre-Seigneur jusqu'à ce que les forces leur manquèrent. Isaïe avait tout prédit par un mot : "Il sera brisé (ou broyé) à cause des fautes des autres" (Is 53, 5).

Me voici, mon Jésus ! je suis un de vos plus cruels bourreaux; je vous ai flagellé par mes péchés: ayez pitié de moi. Ô mon aimable Sauveur, c'est peu d'un cœur pour vous aimer. Je ne veux plus vivre pour moi-même, mais pour vous seul, mon Amour, mon Tout ! Je vous dirai donc avec sainte Catherine de Gênes : "Ô Amour ! ô Amour ! plus de péchés !"


Oui, mon Jésus ! je vous ai offensé; maintenant, j'ai la confiance que je suis à vous et, moyennant votre grâce, je veux être à vous pour toujours, pour toute l'éternité

Juan Carlo, la flagellation.


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