Baptême du Seigneur, par G. B. Gaulli, XVIIe |
"Vous êtes tous des enfants de la lumière et des
enfants du jour; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. " (I
Thess. V,5)
Cette foi qui
m'attend au bord de mon tombeau,
Hélas ! il m'en
souvient, plana sur mon berceau.
De la terre
promise immortel héritage,
Les pères à leurs
fils l'ont transmis d'âge en âge.
Notre esprit la
reçoit à son premier réveil,
Comme les dons
d'en haut, la vie et le soleil ;
Comme le lait de
l'âme, en ouvrant la paupière,
Elle a coulé pour
nous des lèvres d'une mère ;
Elle a pénétré
l'homme en sa tendre saison ;
Son flambeau dans
les cœurs précéda la raison.
L'enfant, en
essayant sa première parole,
Balbutie au
berceau son sublime symbole,
Et, sous l'œil maternel
germant à son insu,
Il la sent dans
son cœur croître avec la vertu.
Ah ! si la vérité
fut faite pour la terre,
Sans doute elle a
reçu ce simple caractère ;
Sans doute dès
l'enfance offerte à nos regards,
Dans l'esprit par
les sens entrant de toutes parts,
Comme les purs
rayons de la céleste flamme
Elle a dû dès
l'aurore environner notre âme,
De l'esprit par
l'amour descendre dans les cœurs,
S'unir au souvenir,
se fondre dans les mœurs ;
Ainsi qu'un grain
fécond que l'hiver couvre encore,
Dans notre sein
longtemps germer avant d'éclore,
Et, quand l'homme
a passé son orageux été,
Donner son fruit
divin pour l'immortalité.
Par le saint Baptême, la vie divine nous est donnée. Soyons des saints ! |
Soleil mystérieux
! flambeau d'une autre sphère,
Prête à mes yeux
mourants ta mystique lumière,
Pars du sein du
Très-Haut, rayon consolateur.
Astre vivifiant,
lève-toi dans mon cœur !
Hélas ! je n'ai
que toi ; dans mes heures funèbres,
Ma raison qui
pâlit m'abandonne aux ténèbres ;
Cette raison
superbe, insuffisant flambeau,
S'éteint comme la
vie aux portes du tombeau;
Viens donc la
remplacer, ô céleste lumière !
Viens d'un jour sans
nuage inonder ma paupière ;
Tiens-moi lieu du
soleil que je ne dois plus voir,
Et brille à
l'horizon comme l'astre du soir.
Alphonse de Lamartine
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