Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
« Exhortation
pour la veille de Noël sur le mystère de la naissance du Sauveur »
(5/7)
Le recensement à Bethléem, par Bruegel l'Ancien, 1566. Dans ce brouhaha du monde, où trouveront une petite place Marie et Joseph pour leur divin Enfant qui va naître? |
Que
ferons-nous pour lui Messieurs ?
Sic Deus dilexit mundum. C’est ainsi que Dieu a aimé le monde.
Sic Deus dilexit mundum. C’est ainsi que Dieu a aimé le monde.
Ô
monde, ô monde, il est temps que tu aimes Dieu de
telle façon qu’on puisse dire de toi : Sic
mundus diltxit Deum ; c’est ainsi que le monde a aimé Dieu. Très chères âmes, quelles sont vos
sentiments ? Souffrez que je le demande à vos cœurs. Quelles sont vos résolutions ?
Non, rien ne blesse tant un cœur amoureux que de voir un autre qui est blessé
d’amour pour lui. Il y a plus : les cœurs les plus barbares se rendent
sensibles à l’affection, ils aiment quand ils sont aimés. Aussi l’amour ne se paye que par l’amour. L’amour ne veut pour toute
récompense que l’amour. Et d’où vient que s’il se rencontre un naturel
assez mal fait pour n’aimer pas les personnes qui lui sont amies, cela paraît
insupportable. C’est ce que si nous n’y prenons garde, nous faisons tous les
jours à l’égard d’un Dieu et c’est ce qu’il faut qu’il endure !
Bruegel l'Ancien, La danse de mariage, détail. Veillez et priez, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent... dit Jésus. |
L’antiquité nous apprend qu’un Hercule, ce
fameux héros, a été réduit par l’amour à filer et c’est ce que l’histoire nous
vante comme un prodige, mais, après tout, c’est une créature misérable et
abjecte qui aime sa semblable ! Mais Dieu, se réduire au point de pleurer,
de trembler de froid, mourant d’amour pour les hommes ? Ah ! c’est ce
qui surpasse tout esprit ! C’est ce qui est entièrement inconcevable !
En vérité après cela que deviendront nos cœurs ?
Caritas
Christi urget nos,
dit le grand apôtre. L’amour de Dieu nous presse. Voilà dit le bienheureux
François de Sales, le plus fort, le plus puissant et le plus admirable argument
qui fut jamais fait :
Bruegel l'Ancien, détail du recensement |
Messieurs, je demande votre avis : n’est-il
pas vrai que voilà un argument bien pressant en matière d’amour, mais il est
tellement pressant qu’une des choses que quantité de saintes âmes n’ont jamais
pu concevoir, c’est de voir, qu’après cela, les hommes puissent penser et parler
d’autre chose que du pur amour !
Brugel l'Ancien, détail du recensement, l'arrivée de Marie et Joseph (en bas, au centre gauche de la toile ci-dessus) |
Saint
François, le grand amoureux du petit enfant de Bethléem, pleurait un jour si
fort que quelque personne l’entendant, accourut comme au secours de quelqu’un qu’on
voulait égorger et, le voyant tout seul, il lui demanda : Pourquoi
cries-tu ainsi Pauvre homme ? Hélas ! dit-il, je pleure parce que mon
Dieu aime tant et que personne n’y pense. Et ces paroles dites, il
recommença ses larmes et, ce bon personnage se mit aussi à pleurer avec lui.
On a va une des belles amantes de Jésus, la
glorieuse Madeleine de Pazzi, courir partout le cloître, criant à pleine
tête : A l’amour ! Et une autre s’étonnait fort de ce qu’allant dans
les grandes villes, elle voyait qu’on errait de toutes sortes de choses pour
l’entretien du corps et que personne ne criait à l’amour. Et la divine
Catherine de Gènes, entendant un jour un démon qui disait qu’il était la
créature sans amour, elle tomba pâmée sachant combien le pur amour devait être
aimé.
L'annonce aux bergers, enluminure. A leur suite, nous mettrons-nous au service du Roi des rois, Jésus, notre Seigneur ? |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire