samedi 7 décembre 2013

2e Dimanche de l'Avent ; Préparons-nous à la Nativité du Sauveur

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
« Exhortation pour la veille de Noël sur le mystère de la naissance du Sauveur » (3/7)
                                                              

C’est de cette façon, a dit l’Apôtre de la France, que nous devons parler et penser de Dieu. Aussi je vois que les âmes les plus éclairées, touchant les divines obscurités de la foi, après avoir dit tout ce que l’on peut dire de cet amoureux mystère, n’ont pu s’empêcher de déclarer hautement qu’elles n’en avaient rien dit du tout !

La bienheureuse Angèle de Foligno passe plus avant. Elle soutient après avoir écrit des choses toutes célestes du Dieu de son âme, que toute la postérité admire et respecte tous les jours, que tout cela en est si infiniment éloigné que ce sont des blasphèmes. C’est là le nom dont elle qualifie ces divins écrits et avec raison car, puisque le blasphème est une parole par laquelle l’on attribue à Dieu ce qu’il n’a pas ou ne lui donne pas ce qu’il a, il est bien vrai que tout ce que nous disons de Dieu c’est toute autre chose qu’il ne s’en devrait dire et, le respect dû à sa grandeur devant être infini, c’est ce que jamais nous ne pourrons lui rendre.

La bienheureuse Vierge Marie, tout adorante,
vitrail.
Un Dieu Enfant c’est ce que l’on dit tous les jours, tous les Chrétiens en ce temps diront que Dieu est né pour eux mais ce qui ne faut pas entrer dans mon esprit c’est qu’on parle de ces choses avec si peu de réflexion, avec si peu d’esprit, avec aussi peu de foi que si un laquais avait rendu quelque grand service à son maître il en parlerait presque de la même façon !

Il faut que je vous dise tout nettement ma pensée. Si je voulais poursuivre le sentiment que le Dieu d’amour me donne à présent, je briserais ici et tout ce que je vous dirais d’avantage, ce serait : Étonnons-nous, admirons, pâmons-nous de joie et d’amour à la vue de ce spectacle digne de Dieu.

Un Dieu est devenu petit enfant pour nous ! Voilà qui est inconcevable. Saint Paul proteste qu’il a vu des choses dont il n’est pas permis à un homme de parler. Mais quand bien même il aurait vu l’essence divine, cela n’est pas si inconcevable que de savoir ce même être infiniment glorieux anéanti en la forme d’un tout petit enfant.

Les attraits qui, d’ordinaire, causent l’extase sont délicieux et pleins d’une douceur inestimable. Mais, ô bonté incomparable de Dieu ! Je ne vois point ici d’attraits (NB. chez les hommes) qui puissent vous faire quitter le séjour bienheureux de l’empyrée, mais tout au contraire tout ce qui peut servir d’obstacle à ce dessein.

Et parmi les deux sortes d’extases que je rencontre dont l’une est hautement louée et l’autre blâmée avec sujet parce que l’une porte au-dessus de nous-mêmes et l’autre au-dessous. Le dirai-je, mon Dieu, vous choisissez ce que l’on n’approuve pas ! Alors à la bonne heure, hommes divins, laissez ravir votre cœur aux délices intellectuelles ; sortez hors de vous-mêmes et au-dessus de la condition de votre nature, devenez des anges humains ou des hommes angéliques.

Vos extases sont aimables, nous leur donnons nos louanges et nos respects. Mais vous, mon Dieu, dans quelle extase vous aperçois-je à présent ? La misère et l’infamie vous touchent et vous ravissent et vous font quitter le Tout pour devenir le Rien !




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