mercredi 18 décembre 2013

Préparons-nous à la Nativité du Sauveur (7/7)

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
« Exhortation pour la veille de Noël sur le mystère de la naissance du Sauveur » (7/7)

Angelots, Zurbaran
Mais ce n’est pas encore tout : non seulement Dieu fait tout ce qu’il fait pour le bien de l’homme ; non seulement il quitte tout ce qu’il a pour lui, mais même il se fait homme et se transforme en sa chair qu’il aime avec des profusions de bontés inouïes, et ainsi uni, il doit pousser plus avant l’amour du Chrétien pour le faire devenir Jésus, pour le changer tout en Jésus, et pour le faire vivre uniquement de sa vie divine.

Au reste, Dieu ne s’est pas fait un homme fantastique : il est très vrai qu’il est homme, qu’il a un véritable entendement et une véritable volonté humaine, il a un véritable corps humain. Aussi ces vérités que je vous propose ne doivent pas passer pour imaginaires.
Nativité du Sauveur. L'Enfant-Dieu
dans les bras de S. Joseph
Il est très vrai que le Chrétien ne doit vivre que de la vie de Jésus, sa vie n’étant autre chose que la continuation de celle de ce divin Sauveur. Jésus, avec tous ses fidèles fait un véritable corps mystique et, comme les membres ne vivent pas d’une autre vie que de celle de leur chef, ainsi les Chrétiens ne doivent vivre que de la vie de Jésus ; sur quoi il faut remarquer que ce n’est pas assez d’offrir ses actions en l’honneur de Jésus, mais, de plus il faut les faire en son esprit.

Tellement que par exemple, si un Chrétien prend son repas, ce n’est pas assez de l’offrir pour honorer les repas de Jésus, mais il faut encore qu’il l’offre en son esprit, c’est-à-dire qu’il s’unisse aux desseins que Jésus avait quand il prenait les siens, et aux intentions qu’il a à présent sur lui et qu’il veut qu’il prenne belle pratique pour rendre en quelque façon toutes nos intentions infinies, mais qui est nécessaire pour pouvoir dire avec saint Paul : Je ne vis plus mais c’est Jésus qui vit en moi.

Ainsi vous demandez à une âme ainsi transformée, aimée, ce qu’elle pense, elle vous répondra qu’elle ne pense qu’à Jésus ou pour Jésus ; sous la conduite de son esprit elle n’a plus d’autres affaires que celles de ce cher Sauveur, plus d’autres desseins que les siens, elle n’est sensible ou insensible qu’à ce qui sied ou ne sied pas de la gloire du cher tout de ses affections, tous ses intérêts sont fondus dans ceux de Jésus en qui elle vit, pour qui elle vit et de qui elle vit, et ayant perdu la vie d’Adam, vie de corruption et d’infamie, étant morte à toutes les choses de ce monde.

Voilà la vie extatique qu’elle doit mener, voilà ce que Dieu a fait pour elle, voilà ce qu’elle doit faire pour Dieu.

Nous autres, Messieurs, que faisons-nous ? Voilà comme un Dieu vous aime, Messieurs, comment l’aimez-vous ? Un Dieu est-il capable de vous donner de l’amour ? Il le peut, me direz-vous mais le fait-il ? Il le fait, mais comment le fait-il ? Quel amour avez-vous eu pour lui jusqu’à présent et dans quels sentiments êtes-vous pour l’avenir ? Comment êtes-vous résolus de vous donner à son amour ? Est-ce avec réserve ? Est-ce sans exception ?
Jésus est toujours présent au T.S. Sacrement,
il suffit de pousser la porte de l'église
pour Le trouver, Le prier, se laisser aimer
et transformer à Son image.
Dieu se donne tout à nous mais tout entièrement ; voulez-vous vous donner tout à lui ? Vous direz : peut-être que cela est bon pour ce Dieu de majesté d’aimer de la sorte, mais pour nous, hommes, il n’en est pas de même…
Que Dieu s’épuise dans tout ce qu’il a d’infini, l’homme n’a rien que de limité et de très bas, mais au bout de tout il ne se donnera pas entièrement à Dieu. Vos esprits sont choqués de cette proposition et, sans doute, qu’il l’estime éloignée de toute raison.
Je le crois mais je vous demande pendant qu’il les désapprouve ne la pratique-t-il point ? Rentrons dans nous-mêmes.

Quelles sont nos pensées ; quels sont nos desseins ; quelles sont nos volontés ; quelles sont nos affections ? Sont-elles toutes en Dieu, à Dieu et pour Dieu ? Mais il y a quantité de petites attaches, de mauvaises habitudes qui ne vont pas jusqu’au péché mortel, qui, à la vérité, nous empêcheront. Loin de n’être pas tout à fait à Dieu, mais qui ne nous font pas perdre la grâce et ne nous empêcheront pas d’aller en paradis. Vous dites vrai, je suis de votre avis. Mais je veux que vous sachiez que je ne vous parle aujourd’hui ni de paradis, ni d’enfer, que toutes ces choses disparaîtront aux yeux de notre esprit.
Pour le présent il est question de savoir comment vous voulez aimer Dieu.

Je ne vous demande pas ce qui vous arrivera, soit de bien, soit de mal ; je demande : Dieu qui tout s’anéantit, se fait petit enfant pour vous, l’amour seul le mettant dans cet état effroyable : vous, êtes-vous dans la résolution de l’aimer comme il vous aime ?

Dieu est tout, la grandeur même qui contient en soi tout ce qu’on peut désirer et aimer ; vous, vous êtes un petit ver de terre, un peu de fange, un beau rien.
Dieu néanmoins veut faire amitié avec vous, le voulez-vous bien ? Mais l’amitié sera-t-elle réciproque ? Aura-t-elle une partie de votre cœur ou bien le lui donnerez-vous tout entier ?

Qu’en pensez-vous ? Que vous dit là-dessus votre cœur ? Que dira-t-il à ce cher petit roi quand il le recevra la nuit ou le jour prochain ?

Ne nous flattons point ! Mettons nos cœurs à découvert ! Nous aurons beau fermer les yeux, Dieu nous voit bien. Ou vous êtes résolus d’être tout à Jésus, ou vous ne l’êtes pas.

Si vous êtes dans cette résolution, tout va bien,

le pur amour est aimé.

L'Enfant Jésus, chapelle de la mangeoire, grotte de la Nativité,
Basilique de Bethléem.



Les douceurs de la terre nous annoncent Le seul qui puisse combler nos cœurs et nos corps.
Sainte préparation à Noël !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire