lundi 9 décembre 2013

8/9 décembre - Solennité de l'Immaculée Conception de Notre-Dame

Du vénérable abbé Henri Marie Boudon,
Venez, adorons la Source de tout Amour, Jésus, Fils de Dieu !
« Exhortation pour la veille de Noël sur le mystère de la naissance du Sauveur » (4/7)


Exinanivit semetipsum
(NB. Il s'anéantit Lui-même) 

Messieurs ! Messieurs ! Que devenons-nous à ces paroles de l’Evangile ? O vérité épouvantable ! O cœurs des hommes ! Si les ténèbres que causent les péchés n’empêchaient pas les lumières divines, que vous seriez étonnés !

Amour, qu’il faut bien dire que tes forces sont prodigieuses puisque c’est toi seul agit et cause toutes ces merveilles. Vere, vere de Deo triumphat amor, dit le dévot saint Bernard ; Vraiment, vraiment l’amour triomphe de Dieu et le rend son esclave ! Et il apparaît dans le mystère de son enfance si puissant, et occupe si fortement celui que rien ne peut occuper, qu’il semble qu’il abandonne tout autre soin, tout autre exercice et soi-même encore, pour nourrir uniquement son amour et l’entretenir.

Là-dessus je me souviens d’une excellente remarque du bienheureux prélat de Genève dans son livre De l’Amour divin qu’il a tiré de Platon. L’Amour, dit ce saint Evêque, quand il est plus véhément, porte si impétueusement l’âme à la chose aimée qu’elle manque à toute autre chose. Platon a dit que l’amour était pauvre, déchiré, nu, déchu, chétif, sans maison, couchant dehors sur la dure, toujours indigent. O Théotime, je sais bien que Platon parlait ainsi de l’amour charnel, vil et mondain, mais néanmoins ces propriétés ne laissent pas de se trouver dans l’amour céleste et divin.
                             
O Dieu ! que cette vérité est éclatante dans la naissance de notre petit roi et, divinement, je vois l’amour pauvre parce qu’il faut tout quitter pour la chose aimée. Le ciel - empyrée, avec toutes ses illustres beautés et ses trésors inappréciables, toute la glorieuse compagnie des courtisans du paradis, n’est pas capable d’arrêter ce divin amant ; il abandonne tout, il quitte tout pour sa bien-aimée nature humaine.


Il est sans maison, n’ayant pu trouver où loger et demeurant dans une étable ouverte de tous côtés, il est chétif, pâle et défait, étant exposé aux injures de l’air dans une saison froide, au milieu de la nuit il est nu, déchaussé et mal vêtu, celui qui couvre tout le monde, qui donne même des robes aux lis des champs, n’ayant que de pauvres langes pour se garantir du froid il couche dehors sur la dure ayant pour tout lit un peu de paille et la terre, enfin il est comme un gueux ayant une pauvre mère, un pauvre équipage, et un appareil si pauvre que tout ce qui apparaissait, paraissait non seulement être très pauvre et très fragile, mais aussi tout mendié et emprunté des bêtes !

O mystère de très grand respect, disait le dévot Louis de Grenade, ô secret qui se peut mieux penser que dire, et qui s’explique plus facilement par le silence et l’admiration que par les paroles.
Lorenzo Lotto, l'Archange Gabriel
à l'Annonciation
Qu’y a-t-il de plus admirable que de voir ce Seigneur qui est loué par les étoiles du matin, qui est assis sur les chérubins qui volent sur les ailes des vents, qui soutient toute la rondeur de la terre, de qui le trône est le ciel, à qui la terre sert d’escabeau royal, ait voulu se réduire à une si extrême pauvreté qu’au jour de sa naissance il ait voulu que sa mère l’ait posé dans une crèche parce qu’il n’y avait point de lieu plus honorable pour lui ?

Quelle personne fut jamais réduite à une si extrême pauvreté et, qu’à défaut de couvert, elle ait été contrainte de poser son enfant dans une crèche ! Quelle conjecture si éloignée qu’un Dieu et une crèche ! Quoi de plus abject qu’une crèche ? Quoi de plus relevé que Dieu ?

Giovanni Battista Salvi,
La Très Sainte Vierge Marie, reflet sans tâche
de la sainteté de Dieu, Mère et Modèle
des chrétiens.
Pensez par la foi ce que c’est que Dieu ; pensez ce que c’est que l’homme. Pesez la distance infinie qui se rencontre entre ces deux êtres ; voyez comme l’amour les joints en un seul en sorte que Dieu se fait homme, se fait enfant, est attaché aux mamelles d’une Vierge, lié de petites bandes, pleure et tremble de froid. Voilà les sacrées extases d’un Dieu où l’amour l’a réduit.

Voilà où l’amour que vous nous portez, ô mon cher amant, vous a mis ; voilà où l’amour a mis ce Dieu de vérité

Pour nous, Messieurs, où nous mettra l’amour que nous aurons pour lui ; nous autres, quelles seront nos extases ? Voilà ce que Dieu a fait pour nous mon âme, que seras-tu pour lui ?




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