15 novembre 2014-15 août 2015, neuf mois de prière pour la
France.
Une neuvaine.
Des neuvaines, dans l’Eglise catholique, il en existe
de toutes sortes. La Pologne en a vécu une pendant neuf ans, jusqu’en 1966,
pour préparer le millénaire de son « baptême ». En 1970, le cardinal Wojtyla en
a lancé une autre dans le diocèse de Cracovie, pour le 9ème centenaire du
martyre de son évêque, saint Stanislas. Devenu pape, Jean-Paul II est venu
lui-même la clôturer en 1979.
D’autres sont proposées sur neuf jours, par exemple
avant une grande fête liturgique, comme l’Immaculée Conception. Début novembre,
les évêques du Burkina Faso ont invité les fidèles à une neuvaine de prière,
avec un jour de jeûne, pour que la paix revienne dans le pays, violemment
ébranlé par un changement de régime et des répressions meurtrières (cf.www.catholique.bf).
Les neuvaines peuvent avoir un but particulier :
obtenir de Dieu une guérison ou une naissance pour un couple en attente
d’enfant. Parfois, la visée est pastorale : en 1970-79, le futur Jean-Paul II
voulait que son diocèse accueille en profondeur l’élan missionnaire de Vatican
II.
Celle-ci durera neuf mois ; comme toute neuvaine, elle
demande fidélité et persévérance.
De prière.
Dans l’Evangile, le Seigneur invite « à prier sans
cesse et sans jamais se décourager » et il loue la veuve qui vient « casser la tête » du juge, en réclamant justice (Lc
18, 1-8). Pour la prière, on peut dire que Jésus donne l’exemple : « Le matin, bien avant l’aube », on le voit sortir
et aller prier « dans un endroit désert »
(Mc 1, 35).
Prier, c’est espérer. Avec foi, on confie à Dieu une
personne ou une famille en difficulté, une communauté, un pays et même le monde
entier. Un chrétien, même s’il se sent démuni ou dépassé, sait que son cri est
toujours écouté « car rien n’est impossible à Dieu »
(Lc 1, 37).
Cette neuvaine pour la France nous conduira jusqu’au
15 août, un jour qui a longtemps été notre fête nationale. On peut dire que
l’Assomption de Marie fortifie notre espérance. Ce que Dieu a fait pour Jésus,
en le ressuscitant des morts, il le promet à tous ses enfants. Et nous
professons cette espérance dans le Credo : « J’attends la résurrection des
morts et la vie du monde à venir. » Quand la Toute Sainte
connaît, la première, la joie de la Résurrection, nous sommes renforcés dans la
certitude que Dieu tient ses promesses et que, jamais, Il ne nous abandonnera.
Dès le début, les Apôtres ont repris cette insistance
du Seigneur sur la prière : « Soyez toujours dans la joie ;
priez sans relâche ; rendez grâce en toutes circonstances : c’est ce que Dieu
attend de vous dans le Christ Jésus» (1 Th 5, 16-18).
Pour la France.
Dans « les paroles de vie » que Dieu donne à son
peuple, le 4ème commandement : « Honore ton père et ta mère »
(Ex 20, 12) est la charnière entre le monde de Dieu et notre vie humaine. De
même que nous prions pour nos parents, nous confions à Dieu la terre qui nous a
nourris, façonnés, construits, et tous ceux qui y vivent aujourd’hui.
En priant pour la France,
nous commençons par dire merci. Que de cadeaux nous a transmis la longue
histoire de notre patrie ! J’entends encore Jean-Paul II, à la Messe du
Bourget, le 1er juin 1980, expliquer tout ce qu’il avait reçu de la France et
de ses saints. Il a eu cette formule surprenante : « France, éducatrice des
peuples… ». Jamais, je n’avais pensé qu’elle avait rendu un tel service aux
nations. Il est vrai que, souvent, ce sont les autres qui nous montrent quelle
est notre grâce, notre vraie mission.
Lorsque, du haut de la colline de Fourvière, je laisse
mon regard aller sur Lyon, j’entends le Seigneur me dire dans la prière, comme
à saint Paul devant Corinthe : « J’ai un peuple nombreux à moi
dans cette ville » (Ac 18, 10). Je pense d’abord à ceux qui
souffrent, les malades, les familles divisées, les personnes détenues ou
isolées… Je prie pour la santé et la liberté, pour le bien-être, l’équilibre et
le travail de chacun. Que tous les cœurs soient ouverts ! Puis, je fais mémoire
de la longue histoire de cette ville : les martyrs et les missionnaires, les
artisans de l’unité et du dialogue, les chercheurs de Dieu, les serviteurs des
pauvres… Il y en a eu à tous les siècles. Et cela se transforme en une demande
: « Seigneur, garde Lyon fidèle à sa vocation, et attentive aux nouveaux appels
que tu voudras lui lancer. »
Avec cette neuvaine pour la France, nous pourrions
suivre un chemin analogue. Que tous ceux qui vivent dans notre pays
s’accueillent et se respectent, qu’ils avancent dans la paix. Nous demanderons
pardon, comme Jean-Paul II l’a fait pendant l’Année jubilaire 2000, car nous
portons ensemble une part de responsabilité dans les choix de notre pays. Nous
demanderons qu’il soit guéri de ses errements dans l’accueil de la vie, qu’il
revienne à la raison sur le mariage et sur la filiation. Les premières pages de
la Bible en disent clairement la vérité. Que l’on sache aussi accompagner
jusqu’au bout les personnes les plus âgées, si fragilisées.
Nous prierons et jeûnerons pour mille autres
intentions importantes : éradiquer la misère, veiller à ce que la justice
reste… juste, et respecte les plus petits. Que tous aient une place dans la
société, un travail, car c’est à la fois un lieu d’épanouissement et de service
pour chacun. Que les jeunes reçoivent l’héritage culturel et spirituel auquel
ils ont droit et que se lèvent de nouvelles générations d’éducateurs pour le
leur transmettre fidèlement. Et si, à la lumière de son histoire, nous voyons
que la France a une « vocation », que le Seigneur veuille bien l’éclairer encore
et nous montrer comment la renouveler aujourd’hui.
Nous n’oublierons pas les deux grandes intentions que
Jésus a pris soin de préciser : « Priez le Maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38) et « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent »
(Mt 5, 44).
Naturellement, sa dernière parole reste notre phare :
« Vous serez mes témoins à Jérusalem… et jusqu’aux extrémités de la
terre » (Ac 1, 8). Ceux qui ont entendu ces mots n’ont pas
hésité à partir. Quelle merveille, car c’est grâce à leur foi et à leur courage
que nous avons reçu le flambeau !
A nous, aujourd’hui et demain, de transmettre ce
trésor.
Prière de la Neuvaine
Vierge Marie,
Notre-Dame de France,
Accueillez nos cœurs d'enfants
confiants en votre bienveillance.
Notre-Dame de France,
Accueillez nos cœurs d'enfants
confiants en votre bienveillance.
Guidez nous vers Jésus notre Sauveur,
pour recevoir de son Cœur les grâces
de sa divine miséricorde.
Nous
vous présentons notre pays,
ses souffrances, ses troubles
et ses conflits,
mais aussi ses ressources
et ses aspirations.
Accueillez-les, purifiez-les,
présentez-les à votre Fils
afin qu'Il intercède en notre faveur,
qu'Il oriente nos actions vers le Bien
et nous guide dans la Vérité.
Nous
vous consacrons la France
dans la fidélité à l'espérance
et à la force de l'Esprit Saint
reçues à notre baptême. Amen.
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