La question que se posent aujourd’hui de nombreux
catholiques est : “Mais que faisait le
Saint-Esprit pendant le conclave qui a élu Jorge Bergoglio ?”
La réponse est très simple : le
Saint-Esprit faisait ce qu’il fait toujours fait ; il a incité les cardinaux à
voter pour le seul bien de l’Eglise. Mais le Saint-Esprit n’a pas choisi le
pape : ce choix, il l’a laissé aux
caprices des hommes, c’est-à-dire à leur capacité de répondre librement à la
grâce. En d’autres termes, le Saint-Esprit n’organise pas les votes en vue
de l’élection du meilleur candidat. Il n’y a donc aucune garantie que le choix
des cardinaux reflète la volonté de Dieu, même si le choix d’un homme particulier comme pape obtient incontestablement
l’assentiment de Dieu.
Heureusement, quoi qu’il advienne, l’Eglise catholique jouit des garanties
divines. Toutefois, elles ne sont pas nombreuses.
Le
Christ n’a promis que d’être avec l’Eglise jusqu’à la fin des temps en
l’assurant que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Cela signifie
essentiellement que le Saint-Esprit ne permettra pas que soit perdue la
constitution divine de l’Eglise (sa structure hiérarchique), et garantira que la plénitude de tous les
moyens de salut sera toujours disponible dans l’Eglise. Ainsi, les sacrements
de l’Eglise seront toujours de puissantes sources de grâce, les enseignements
magistraux de l’Eglise seront toujours exempts d’erreur et l’Eglise restera le
Corps mystique du Christ placé sous l’autorité du Seigneur représenté sur
terre par son Vicaire ; le successeur de Pierre.
Mais le
Christ n’a jamais garanti d’avoir des cardinaux capables de choisir le meilleur
d’entre eux pour être pape. Il n’empêche donc pas les électeurs membres du Collège des cardinaux
de moins de 80 ans de succomber à certaines influences : l’ignorance, le mensonge, la partialité, les objectifs mal conçus et
les tentations de toute nature, y compris celles qui sont d’ordres politique et
financier. Personne n’ignore, d’ailleurs, qu’il y a eu dans l’histoire de
l’Eglise des périodes au cours lesquelles l’office pontifical avait été acheté
et vendu sous l’influence de dirigeants politiques puissants ou de familles
influentes.
Parmi les faiblesses des cardinaux
électeurs, il en est une qui est et sera toujours bien présente : l’ignorance. Des cardinaux venant du monde entier ne
peuvent pas, dans la plupart des cas, bien se connaître. Donc, ils votent
souvent en se fiant à des impressions incomplètes ou même inexactes
concernant les forces et des faiblesses des différentes personnes susceptibles
de succéder à Saint Pierre. Ils voteront parfois pour un candidat particulier
auquel on attribue des capacités qui, par la suite se révèleront être
inexistantes. Enfin, beaucoup de cardinaux s’appuieront sur les conseils d’autres
cardinaux en qui, sagement ou imprudemment, ils placent leur confiance.
L’histoire nous montre que si un grand nombre de papes ont fait preuve de
sainteté (plus de 80 ont été canonisés), parmi tout ceux qui ne sont pas
considérés comme saints, on en trouve
qui n’ont pas été de grands exemples pour l’Eglise :
- Le pape Libère (352-356) : sous la
pression politico-théologique des ariens, il a condamné le héraut de l’orthodoxie,
saint Athanase. Il a également signé une déclaration équivoque qui pouvait être
interprétée dans un sens arien aussi bien que catholique. Certes, il a enduré l’exil
avec un certain courage, mais il fut tout de même le premier pape après Saint Pierre
à n’être pas reconnu saint.
- Le pape Etienne VI (vers 896-897) :
exerçant son pouvoir dans une période de troubles politiques et religieux, il
fait exhumer et mettre en jugement le corps d’un de ses prédécesseurs (le pape
Formose). Après condamnation du défunt (!), il fait ôter les vêtements du
cadavre, fait couper deux doigts puis jette le corps dans le Tibre.
- Le Pape saint Célestin V (1294) :
ce saint moine est un administrateur totalement incompétent. Au milieu d’agitations
il démissionne six mois après son élection.
- Jean XXII (1316-1334) : ce pape d’Avignon
enseigne dans ses sermons et ses lettres que ceux qui ont été sauvés au moment
de leur mort ne jouissent de la vision béatifique qu’après le jugement final.
Cependant, il se rétracte un peu plus tard.
- Le Pape Alexandre VI (1492-1503) : le “fameux” pape Borgia, élu par l’influence
d’une puissante famille italienne, est coupable à la fois de népotisme et d’avoir
une maîtresse. D’autres papes élus durant la Renaissance auront une vie opulente
et mèneront des guerres pour favoriser leurs intérêts. Une réforme sérieuse n’aura
eu lieu que lorsque le pape Paul III engagera ce qui va devenir le Concile de
Trente, dont les décisions seront mises en œuvre par le pape saint Pie V
(1566-1572).
- Le pape Jean-Paul Ier (1978) : il
décède subitement après un pontificat de seulement 33 jours. Il nous a donne
toutefois donné une idée assez juste de ce qu’est le travail de la Providence
divine : ce qu’on a retenu de lui étaient son sourire et son goût pour les
œuvres de Mark Twain... Mais sa mort a ouvert la voie à l’élection du Pape
Jean-Paul II qui a eu à diriger l’Eglise durant une époque périlleuse dans l’Histoire
catholique et qui a été considéré comme saint.
Ces exemples montrent bien que le choix d’un pape n’offre aucune garantie.
L'Eglise du Christ, une barque dans la tempête |
Bien
sûr, la Divine Providence est à l’œuvre
pour tout ce qui se passe dans l’Eglise et dans le monde. Nous savons que
rien ne se produit sans au moins la
permission de Dieu qui est tellement au-dessus de nous qu’il n’a aucune
difficulté pour tout transformer en vue de la réalisation de son projet final.
Etant hors du temps, Dieu voit “tout à la fois”, pour ainsi dire. Sa Providence englobe donc tout selon son
propre plan, sans pour autant limiter notre liberté.
Enfin, nous devons nous rappeler que le
Saint-Esprit agit continuellement en sachant ce qu’il fait. Ainsi, de même
que la mort subite de Jean-Paul I a ouvert la voie à l’élection de Saint
Jean-Paul II considéré comme un des grands papes de l’histoire, il est
également possible de considérer le pontificat actuel comme une leçon visant à nous rappeler nos responsabilités face à un
christianisme en déclin.
La première expérience de ce
pontificat peut s’avérer moyen de sortir
l’Eglise de sa torpeur. Le prochain conclave se tournera-t-il vers les
églises jeunes et dynamiques ? Les cardinaux choisiront-ils le successeur du
pape François parmi les cardinaux venus d’Afrique ? Dieu seul le sait. Mais le Saint-Esprit ne se lasse pas et notre
travail consiste à le prier et à lui faire confiance.
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