dimanche 25 décembre 2011

Noël – Il est né le divin Enfant. Venez, adorons !


Exhortation du vénérable abbé Henri Marie Boudon pour la veille de Noël, sur le mystère de la naissance du Sauveur (in « Œuvres complètes »)


            L’amour, toujours grand en ses victoires, mais aujourd’hui tout puissant dans ses triomphes, ayant par la plus glorieuse de ses conquêtes assujettit à ses lois celui qui donne à tous et qui n’en reçoit de personne, cet amour dis-je, triomphant, rendant le Verbe incréé muet et la Parole éternelle sans voix, tant que j’ai de la peine à vous entretenir. Si un Dieu dans les excès de l’amour en montre la grandeur en gardant silence, faut-il que l’homme par ses discours donne des témoignages de la faiblesse de ses affections ?

(…)     C’est une vérité qui se fait voir dans tout son lustre, dans le mystère amoureux de l’enfance d’un Dieu, que la bienheureuse Eglise notre bonne mère nous propose aujourd’hui. Un Dieu aime et aime les hommes, mais les aime jusqu’à tel point que l’amour le met dans un état où il ne peut parler. Voilà des transports admirables d’un Dieu qui mériterait bien que je m’arrêtasse ici tout court et qu’après avoir fait faire réflexion sur cette vérité je viens de vous proposer nous demeurassions tous dans le silence adorant avec respect les précieux amours de ce Dieu Enfant pour les hommes


            Il faut que je vous avoue que parmi ces sentiments c’est avec honte et confusion que je vous parle. L’on a vu des hommes apostoliques, se rencontrant dans des pays barbares dont la langue leur était inconnue, exposer des tableaux d’un Dieu incarné leur faisant entendre par quelques signes ce que signifiait cette image dont la seule vue tirait des soupirs des cœurs et des larmes des yeux de ces pauvres gens et moi qui ai affaire avec des âmes chrétiennes,  ne dois-je pas me contenter d’avoir mis devant les yeux de votre esprit un Dieu Enfant que vous connaissez par la foi.

            C’est ainsi que Dieu a aimé le monde. C est ainsi que Dieu a aimé le néant ; c’est ainsi que celui qui est tout a aimé le rien ; c’est ainsi que le Créateur a aimé la créature ; l’immortel, le mortel ; le Tout Puissant, le faible ; l’impossible, le possible ; l’infiniment glorieux, la misère, la pourriture et la corruption. C’est ainsi que Dieu a aimé les créatures par un amour véritablement extatique qui l’a tiré hors de soi pour se faire homme.

            C’est ce qui étonne les Séraphins, c’est ce qui doit faire pâmer nos esprits et d’amour et d’admiration. Un Dieu est ravi parce que l’homme l’attire à soi, l’arrache du sein de son Père éternel pour se l’approprier. Un Dieu est en extase parce qu’il quitte toutes ses grandeurs pour devenir un tout petit enfant. Spectacle qui doit arrêter et la terre et le ciel et les hommes et les anges ; éveiller partout et l’amour et l’étonnement.



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