600e anniversaire de la naissance de sainte Jehanne d'Arc
Patronne secondaire de la France
Sainte Jehanne d'Arc, priez pour la France ! |
Allocution de Sa Sainteté le Pape Benoît XV, après la lecture solennelle du décret des miracles présentés pour la canonisation de Jeanne d'Arc, le 6 avril 1919
Il Nous serait difficile, presque impossible, de réunir en un seul bouquet les nombreuses fleurs qui émaillent l'admirable discours de l'orateur dont Nous venons d'entendre l'éloquente parole. Aussi Nous bornerons-Nous à ne recueillir que quelques-unes de ces fleurs, qui nous ont paru avoir une beauté particulière et répandre un parfum plus suave.
Les voix |
(…) Nous ne voulons pas toutefois omettre de déclarer que Nous reconnaissons Nous-mêmes que Jeanne d'Arc doit être couronnée d'innombrables fleurs, car ses vertus furent innombrables. Nous reconnaissons également que les fleurs qui doivent orner la tête de Jeanne d'Arc doivent être de premier choix, parce que ses vertus ont brillé d'un éclat incomparable.
Mais, pour en revenir à ce qui concerne plus directement la cause de canonisation, Nous avouerons qu'elle Nous a plu, la fleur de la commémoration des magnifiques éloges que d'anciens Papes et des Papes récents ont décernés à Jeanne : les uns, en s'étonnant que la cause de béatification ne fût pas plus tôt introduite ; les autres, comme Nos prédécesseurs immédiats, en se montrant disposés à faire tout ce qui était en leur pouvoir afin de hâter cette cause. Nous aimons ici à avouer que le désir d'imiter l'exemple de Pontifes si illustres redouble Notre volonté, déjà bien arrêtée, de hâter à Jeanne d'Arc la couronne qui la proclamera sainte.
Notre frère, Mgr. l'évêque d'Orléans, dans un transport d'affection plus que d’imagination, croyons-Nous, a dit que l'histoire Nous appellera « le Pape de Jeanne d'Arc ».
Il est évident qu'il faisait allusion à la canonisation de la Pucelle ; il ne pouvait, en effet, oublier d'avoir célébré plus haut la mémoire de plusieurs autres Papes qui avaient bien mérité de Jeanne. Mais s'il voit en Nous « le Pape de Jeanne d'Arc », parce qu'il espère qu'il Nous sera réservé de canoniser la Pucelle d'Orléans, la fleur qu'il Nous présente revêt un symbole prophétique.
Sur le bûcher de la place du marché à Rouen, le 30 mai 1431 |
Nous accepterions volontiers la prophétie en raison d'un souvenir qui Nous ramène au jour de la mort de Léon XIII. Nous étions dans un coin de la chambre où ce glorieux Pontife exhalait sa grande âme : le pieux cardinal Vives invoquait la Sainte Vierge et les saints pour obtenir réconfort à l'auguste vieillard agonisant. Il Nous souvient d'avoir été suavement ému par l'invocation des bienheureux et des saints auxquels le Pontife qui se mourait avait décerné les honneurs célestes. Oh! ce serait une grande consolation pour Notre âme si, à l'heure de Notre agonie, on pouvait invoquer sur Nous l'intercession de Jeanne d'Arc pour lui avoir décerné l'auréole des saints.
(…) Cette évocation naturelle du patriotisme de la Pucelle d'Orléans Nous invitera à recueillir une dernière fleur du discours de l’éminent patron de la cause de Jeanne d'Arc : l'amour de la patrie, qui, comme il embrasa jadis le cœur de la Bienheureuse, a vibré aujourd'hui dans les paroles de l'illustre orateur. Loin de Nous en étonner, Nous pensons au contraire que, à ce point de vue surtout, Mgr. l'évêque d'Orléans a été le fidèle interprète de ses compatriotes, présents et absents.
Nous n'en sommes pas surpris, avons-Nous dit : Nous devrions dire davantage encore, car Nous trouvons si juste que le souvenir de Jeanne d'Arc enflamme l'amour des Français pour leur patrie, que Nous regrettons de n'être Français que par le cœur. Mais la sincérité avec laquelle Nous sommes Français de cœur est telle qu'en ce jour nous faisons nôtre la joie ressentie par les Français de naissance, à la considération du grand progrès que la cause de la canonisation de Jeanne d'Arc a fait aujourd'hui, grâce à l'approbation des deux miracles attribués à son intercession. Les Français de naissance se réjouissent à bon droit de voir dans la vérité de ces miracles un témoignage qui confirme le pouvoir de Jeanne d'Arc auprès de Dieu.
A bon droit, ils en déduisent que le culte plus étendu de Jeanne, tel que celui qui découlera de la canonisation, obtiendra des grâces et des bienfaits plus grands à leur patrie. Or, dans ce désir, dans ce vœu, le Français de cœur s'harmonise avec le Français de naissance pour souhaiter à la France accroissement de gloire et de bonheur.
Qu'il Nous soit donc permis de dire que la dernière fleur attestant l'amour des enfants de France pour leur mère chérie dégage un parfum spécial : Nous demandons seulement qu'on en fasse aussi part à celui qui, sans être né en France, veut être appelé l'ami de la France. Il serait aisé, certes, de recueillir d'autres fleurs du discours auquel Nous répondons. Mais si Nous fixions Notre regard sur d'autres fleurs, cela diminuerait peut-être l'attention et, conséquemment, le prix de celles que Nous avons remarquées. Nous voulons, au contraire, que ces dernières assurent les enseignements qui sont intimement liés à la présente publication du décret relatif aux miracles dus à l'intercession de la bienheureuse Jeanne d'Arc. A cette fin, Nous Nous adressons à Dieu pour le supplier de répandre ses grâces sur tous ceux qui – de quelque façon – s’intéressent à la cause de la canonisation de Jeanne d'Arc.
C'est avant tout l'épiscopat français qui s'y intéresse, et c'est sur les évêques français que Nous implorons d'abondantes bénédictions, particulièrement sur les nombreux représentants de l'épiscopat français que nous avons la joie de saluer ici présents, groupés autour de leur frère aîné, l'éminentissime archevêque de Reims. C'est ensuite le cardinal Ponent, qui s'y intéresse le plus avec les membres de la postulation de la cause. Que la bénédiction de Dieu les console en réalisant promptement leurs vœux.
C'est aussi le clergé français tout entier qui s'y intéresse : le séculier et le régulier, celui qui habite la France comme celui qui réside à Rome. Nous demandons au Seigneur d'étendre sur tous ses bénédictions.
Enfin, à la cause de Jeanne d'Arc, tout bon Français doit s'intéresser, et Nous appelons les grâces du ciel sur tout bon Français, dans la douce espérance que Jeanne d'Arc devienne réellement le trait d'union
entre la patrie et la
religion,
entre la France et l'Eglise,
entre la terre et le ciel.
Prions.
O Dieu, qui avez suscité d'une manière admirable la vierge de Domrémy, sainte Jehanne d'Arc, pour la défense de la Foi et de la patrie ; faites, nous Vous en prions, que par son intercession, l'Église triomphe des assauts de ses ennemis et jouisse d'une paix durable. Par Jésus-Christ, Notre Seigneur. Ainsi soit-il.
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