Du vénérable
abbé Henri Marie Boudon, "Science et pratique du Chrétien", chap. II, Règle
Chaque
corps est animé de son âme, le corps de l’homme d’une âme raisonnable
immortelle, le corps mystique de Jésus-Christ qui est comme l’âme de ce corps
mystérieux, de l’Esprit de Jésus-Christ ; et, de même qu’un corps n’a
point deux âmes qui l’animent, de même le Corps mystique de Jésus-Christ n’a de
vie surnaturelle que de l’Esprit vivifiant de Jésus-Christ.
La Pentecôte, par Anton Raphael Mengs, 1765, Musée de l'Hermitage à Saint-Petersburg |
Nous
n’avons pas reçu l’esprit du monde, s’écrie l’Apôtre en la première aux
Corinthiens, mais l’Esprit qui vient de Dieu. Et il dit aux Galates que le Père éternel a envoyé dans les cœurs des Chrétiens l’Esprit de son Fils (…). Ce n’est
donc pas seulement un esprit raisonnable, un esprit d’un saint, un esprit d’un
pur homme quoique parfait qui est l’esprit du vrai Chrétien, mais l’Esprit de
Dieu. Grande vérité et plût à Dieu que les Chrétiens l’entendissent (…).
Si
les vrais Chrétiens n’ont donc point, en qualité de Chrétiens, d’autre esprit
que celui de Jésus-Christ, étant son Corps mystique, ils ne peuvent vivre, dit
saint Augustin, que de cet Esprit.
Jésus-Christ
est donc leur vie. O quel don, quelle faveur, quelle grâce ! Mon Sauveur, vous
êtes donc ma vie ! C’est bien ici que nous devons dire avec saint Paul que
l’amour de Jésus-Christ nous presse.
Certainement,
dit saint François de Sales dans son livre du Divin amour, c’est bien avoir les
cœurs sous le pressoir du saint amour.
Mais
pour cela il faut avoir un cœur que le péché et l’attache aux choses du monde
n’aient pas rendu comme les pierres et les marbres car, dans ces attaches de l’amour
du monde, l’on est incapable de l’amour de Dieu. De Lui vient que tous les
grands mystères de l’amour d’un Dieu incarné font si peu d’impression et qu’ils
entrent même si peu dans les esprits qui ne les voient pas, quoiqu’ils soient
exposés à leurs yeux dans les plus beaux jours de la grâce, en sorte que les
grandes et admirables grâces de la religion Chrétienne sont ignorées par le
grand nombre même des Chrétiens. Mais cet amour de Jésus-Christ nous presse,
dans la doctrine de saint Paul, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour
eux, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. L’homme
Chrétien ne doit donc plus vivre de sa propre vie mais de la vie de Jésus-Christ.
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