Le 28 octobre 1915
Chère petite Aimée ;
Je suis fort surpris de t’entendre parler
comme tu le fais au sujet des Prussiens. Toi qui as du cœur. Certes ils ne sont pas tous bons il y en
a même qui sont de vrais bandits. Si tu voyais les maisons où ils passent,
moi-même, tout en étant habitué, j’en frissonne d’horreur et le cœur me saigne
en pensant aux pauvres ouvriers qui ne trouveront rien de tout ce qui est leur
unique avoir. Mais il y a des Français
qui sont aussi lâches car ils finissent tout ce qui reste. Ne dis pas ces
mauvais Allemands certes ce sont eux qui sont la cause de nos souffrances mais
ils sont forcés par des chefs qui les contraignent à le faire mais les chefs du
pouvoir ennemi eux oui sont maudits par leurs hommes et nous-mêmes.
Mais ces pauvres pères de famille, nous en
avons fait prisonnier un l’autre jour qui a huit enfants en bas-âge, ces adolescents de 17 ans que l’on envoie
sur le champ de bataille, ces jeunes maris qui laissent une femme aimée au
pays, ceux-là ne doivent pas s’appeler les maudits car ils ont coûté bien des
larmes à leurs mères qui ont tant peiné pour les élever et qui ont coûté aussi
cher que nous à mettre au monde. D’ailleurs le bon Dieu qui est bon ne les
aime-t-il pas tous autant que nous ? Il ne nous a pas créés de race
inférieure à l’autre et nous sommes tous aussi chers à son cœur. Aussi si par
moments en voyant tout le mal qu’ils font je me révolte publiquement, j’entends
aussitôt une voix intérieure qui me dit : « Fais le bien pour le mal, sois meilleur qu’eux » et je
reprends mes sentiments naturels, et je les plains en pensant aux
responsabilités qu’ils auront plus tard. Si
je fais la guerre, je veux la faire honnêtement et sans ressentiments. Si je me
bats, c’est pour ne pas laisser égorger mes frères, pour les aider puisqu’on
nous attaque. Je le fais de grand cœur et le plus simplement du monde cherchant
à m’effacer le plus possible sans jamais me dérober à aucune difficulté.
D’ailleurs, mes chefs ont dû le remarquer, c’est pour cela qu’ils m’ont choisi
pour les missions excessivement graves et ont l’air de d’avoir une certaine
confiance en moi, j’en suis touché, mais n’en tire aucune vanité puisque c’est
mon Devoir. Ne hais pas les boches, prie
pour eux.
Le Denen
« Prière
pour la France » dictée par Jésus à Marcel Van
Seigneur Jésus, aie compassion de la France,
daigne l'étreindre dans ton Amour et lui en montrer toute la tendresse. Fais
que, remplie d'Amour pour toi, elle contribue à te faire aimer de toutes les
nations de la terre.
Ô
Amour de Jésus, nous prenons ici l'engagement de te rester fidèles et de
travailler d'un cœur ardent à répandre ton Règne dans tout l'univers. Amen
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