dimanche 6 mai 2012

Apprendre à dire le Chapelet à l'école du Saint-Père

Extraits de la lettre encyclique Rosarium Virginis Mariae, du bienheureux Pape Jean-Paul II, 16 octobre 2002
Le silence

n.31. L'écoute et la méditation se nourrissent du silence. Après l'énonciation du mystère et la proclamation de la Parole, il est opportun de s'arrêter pendant un temps significatif pour fixer le regard sur le mystère médité, avant de commencer la prière vocale. La redécouverte de la valeur du silence est un des secrets de la pratique de la contemplation et de la méditation. Dans une société hautement marquée par la technologie et les médias, il reste aussi que le silence devient toujours plus difficile. De même que dans la liturgie sont recommandés des moments de silence, de même, après l'écoute de la Parole de Dieu, une brève pause est opportune dans la récitation du Rosaire, tandis que l'esprit se fixe sur le contenu d'un mystère déterminé.

Le « Notre Père »


n.32. Après l'écoute de la Parole et la focalisation sur le mystère, il est naturel que l'esprit s'élève vers le Père. En chacun de ses mystères, Jésus nous conduit toujours au Père, auquel il s'adresse continuellement, parce qu'il repose en son “sein” (cf. Jn 1,18). Il veut nous introduire dans l'intimité du Père, pour que nous disions comme Lui: « Abba, Père » (Rm 8,15; Ga 4,6). C'est en rapport avec le Père qu'il fait de nous ses frères et qu'il nous fait frères les uns des autres, en nous communiquant l'Esprit qui est tout à la fois son Esprit et l'Esprit du Père.

Le « Notre Père », placé pratiquement comme au fondement de la méditation christologique et mariale qui se développe à travers la répétition de l'Ave Maria, fait de la méditation du mystère, même accomplie dans la solitude, une expérience ecclésiale.

Les dix « Ave Maria »

n.33. C'est tout à la fois l'élément le plus consistant du Rosaire et celui qui en fait une prière mariale par excellence. Mais précisément à la lumière d'une bonne compréhension de l'Ave Maria, on perçoit avec clarté que le caractère marial, non seulement ne s'oppose pas au caractère christologique, mais au contraire le souligne et le met en relief. En effet, la première partie de l'Ave Maria, tirée des paroles adressées à Marie par l'Ange Gabriel et par sainte Élisabeth, est une contemplation d'adoration du mystère qui s'accomplit dans la Vierge de Nazareth. Ces paroles expriment, pour ainsi dire, l'admiration du ciel et de la terre, et font, en un sens, affleurer l'émerveillement de Dieu contemplant son chef d'œuvre – l'incarnation du Fils dans le sein virginal de Marie –, dans la ligne du regard joyeux de la Genèse (cf. Gn 1,31), de l'originel « pathos avec lequel Dieu, à l'aube de la création, a regardé l'œuvre de ses mains ». Dans le Rosaire, le caractère répétitif de l'Ave Marie nous fait participer à l'enchantement de Dieu: c'est la jubilation, l'étonnement, la reconnaissance du plus grand miracle de l'histoire. Il s'agit de l'accomplissement de la prophétie de Marie: « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1,48).

Le centre de gravité de l'Ave Maria, qui est presque comme une charnière entre la première et la seconde partie, est le nom de Jésus. Parfois, lors d'une récitation faite trop à la hâte, ce centre de gravité disparaît, et avec lui le lien au mystère du Christ qu'on est en train de contempler. Mais c'est justement par l'accent qu'on donne au nom de Jésus et à son mystère que l'on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse. Dans l'exhortation apostolique Marialis cultus, Paul VI rappelait déjà l'usage pratiqué dans certaines régions de donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une clausule évocatrice du mystère que l'on est en train de méditer. C'est une pratique louable, spécialement dans la récitation publique. Elle exprime avec force la foi christologique appliquée à divers moments de la vie du Rédempteur. Il s'agit d'une profession de foi et, en même temps, d'une aide pour demeurer vigilant dans la méditation, qui permet de vivre la fonction d'assimilation, inhérente à la répétition de l'Ave Maria, en regard du mystère du Christ. Répéter le nom de Jésus – l'unique nom par lequel il nous est donné d'espérer le salut (cf. Ac 4,12) –, étroitement lié à celui de sa Très Sainte Mère, et en la laissant presque elle-même nous le suggérer, constitue un chemin d'assimilation, qui vise à nous faire entrer toujours plus profondément dans la vie du Christ.


C'est de la relation très spécifique avec le Christ, qui fait de Marie la Mère de Dieu, la Theotòkos, que découle ensuite la force de la supplication avec laquelle nous nous adressons à elle dans la seconde partie de la prière, confiant notre vie et l'heure de notre mort à sa maternelle intercession.

Les « Gloria Patri »

n.34. La doxologie trinitaire est le point d'arrivée de la contemplation chrétienne. Le Christ est en effet le chemin qui conduit au Père dans l'Esprit. Si nous parcourons en profondeur ce chemin, nous nous retrouvons sans cesse devant le mystère des trois Personnes divines à louer, à adorer et à remercier. Il est important que le Gloria, sommet de la contemplation, soit bien mis en relief dans le Rosaire. Lors de la récitation publique, il pourrait être chanté, pour mettre en évidence de manière opportune cette perspective qui structure et qualifie toute prière chrétienne.

Dans la mesure où la méditation du mystère a été attentive, profonde, ravivée – d'Ave en Ave – par l'amour pour le Christ et pour Marie, la glorification trinitaire après chaque dizaine, loin de se réduire à une rapide conclusion, acquiert une juste tonalité contemplative, comme pour élever l'esprit jusqu'au Paradis et nous faire revivre, d'une certaine manière, l'expérience du Thabor, anticipation de la contemplation future: « Il est heureux que nous soyons ici ! » (Lc 9,33).




1 commentaire:

  1. Merci très bien. détail il s'agit d'une lettre apostolique et non encyclique. Un lien serait le bienvenu: http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/apost_letters/documents/hf_jp-ii_apl_20021016_rosarium-virginis-mariae_fr.html
    in Christo

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