Extraits de l’homélie de saint Jean-Paul II, Rome,
le 24 mai 1979
Chers fils et frères et amis en Jésus-Christ,
À l'occasion de cette fête de l'Ascension le Pape est
heureux d'offrir le saint Sacrifice eucharistique avec vous et pour vous. ~
Avec joie et animés de nouvelles résolutions pour
l'avenir, réfléchissons un moment sur le
grand mystère que célèbre la liturgie d'aujourd'hui. Toute la pleine
signification de l'Ascension du Christ est exprimée dans les lectures de la
Sainte Écriture. La richesse de ce mystère est contenue dans ces deux
affirmations : « Jésus
donna ses instructions... » puis « Jésus prit place... ».
Selon la Divine Providence - dans l'éternel dessein du
Père - l'heure était venue pour le
Christ de quitter la terre. Il allait prendre congé de ses apôtres et, avec
eux, de Marie sa Mère, mais non sans leur avoir d'abord donné ses instructions.
Les apôtres avaient maintenant une mission à accomplir conformément aux
instructions laissées par Jésus, et ces
instructions étaient à leur tour l'expression fidèle de la volonté du Père.
Ces instructions indiquaient avant tout que les apôtres devaient attendre l'Esprit
Saint qui était le don du Père. Il devait être absolument clair dès le début
que la source de la force des apôtres était le Saint-Esprit. C'est l'Esprit
qui guide l'Église sur les voies de la vérité, l'Évangile doit être propagé par
la puissance de Dieu et non par la sagesse ou la puissance de l'homme.
En outre, selon ces instructions, les apôtres étaient chargés de proclamer la Bonne Nouvelle dans le
monde entier. Et ils devaient baptiser au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit. Comme Jésus, ils devaient parler clairement du Royaume de Dieu
et du salut. Les apôtres devaient rendre témoignage du Christ « jusqu'aux confins de la terre ».
L'Église primitive comprit parfaitement ces instructions et c'est ainsi qu'elle
inaugura l'ère missionnaire. Et chaque communauté savait que cette ère ne
prendrait fin que le jour où le même Jésus qui était monté au ciel, serait
revenu.
Ascension du Sauveur, vitrail |
Les paroles de Jésus
constituèrent pour l'Église un trésor qu'il fallait garder en dépôt et
proclamer, méditer et vivre. Et, en même temps, l'Esprit Saint enracina dans
l'Église un charisme apostolique qui avait pour objet de garder intacte cette
révélation. Par ces paroles Jésus allait vivre toujours dans son Église :
« Je suis avec vous pour toujours ». Et la communauté ecclésiale tout entière prit ainsi conscience de la
nécessité de la fidélité aux instructions de Jésus, au dépôt de la foi.
Cette sollicitude devait se transmettre de générations
en générations, jusqu'à nos propres jours. ~ La parole de Dieu - et seulement la parole de Dieu - est à la base de
tout ministère, de toute activité pastorale de toute action sacerdotale.
L'autorité de la parole de Dieu a constitué la base dynamique du Concile Vatican II et Jean XXIII l'a mis en évidence dans son discours
d'ouverture : « Le souci principal du Concile œcuménique, a-t-il
dit, sera celui-ci : que le
dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit toujours plus effectivement gardé et
enseigné » (Discours du 11 octobre 1962). ~ Notre plus grand défi est d'être fidèles aux instructions du Seigneur
Jésus.
Et la seconde réflexion sur la signification de
l'Ascension est basée sur cette phrase : « Jésus prit sa place... ».
Après avoir subi
l'humiliation de sa passion, Jésus prit sa place à la droite de Dieu. Il prit
sa place avec le Père éternel. Mais ainsi il pénétra dans les cieux comme
notre Tête.
Et là-haut, selon l'expression de Léon le Gand « la gloire de la Tête »
devint « l'espoir du corps »
(cf. Sermo I de Ascensione Domini).
Jésus a pris pour toute l'éternité sa place comme « le premier-né parmi
de nombreux frères » (Rm 8, 29). En raison de notre nature nous sommes
près de Dieu dans le Christ. Et, comme homme, le Seigneur Jésus est vivant pour
toute l'éternité pour intercéder près de son Père en notre faveur (cf. He 7,
25). Et en même temps, du haut de
son trône de gloire, Jésus envoie à toute son Église un message d'espérance et
une invitation à la sainteté.
Par les mérites de Jésus et grâce à son intercession
près de son Père, nous sommes capables d'obtenir en lui la justice et la
sainteté de vie. L'Église peut
rencontrer des difficultés, l'Évangile peut subir des échecs, mais comme Jésus
est assis à la droite du Père, l'Église ne sera jamais vaincue. La
puissance du Christ glorifié, du Fils bien-aimé du Père éternel n'a pas de
limites et surabonde pour défendre chacun de nous et nous tous dans la fidélité
de notre dévouement au Royaume de Dieu et dans la générosité de notre célibat. L'efficacité de l'Ascension du Christ
touche chacun de nous dans les réalités concrètes de nos vies quotidiennes. À
cause de ce mystère, l'Église tout entière a pour vocation d'attendre « dans
une joyeuse espérance la venue de notre Sauveur, Jésus-Christ ».
Enluminure de l'Ascension du Sauveur, Orationes encomiasticae in SS. Virginem Dei Param, Constantinople |
Chers Fils, soyez
imprégnés de l'espérance qui est si fortement une part du mystère de
l'Ascension de Jésus.
Soyez profondément
convaincus de la victoire et du triomphe du Christ sur le péché et la mort.
Ayez conscience que la puissance du Christ est plus grande que notre faiblesse, plus grande
que la faiblesse du monde entier.
Tâchez de comprendre
et de partager la joie que Marie a éprouvée en sachant que son Fils avait
pris sa place près de son Père qu'il aimait infiniment.
Et aujourd'hui renouvelez
votre foi dans la promesse de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est parti
pour nous préparer une place, de sorte qu'il pourra revenir et nous prendre
avec lui.
Voilà le mystère de l'Ascension de notre Chef.
Rappelons-nous toujours : « Jésus a donné ses instructions »
et ensuite « Jésus a pris sa place ». Amen.
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